Interrogé par RCF Lyon Fourvière, le cardinal Philippe Barbarin est intervenu sur la question de la votation suisse
interdisant la construction de minarets :
“Ce qui m’intéresse, c’est de savoir si oui ou non les musulmans qui sont en Europe ont droit à des lieux de culte. La réponse est « oui, évidemment ! », et des mosquées,
il y en a. Est-ce qu’il est nécessaire qu’à ces mosquées, il y ait des minarets ? C’est une question seconde, ce qui ne veut pas dire qu’elle soit secondaire. Ce matin, j’ai eu au
téléphone le Recteur de la grande mosquée de Lyon qui me disait que pour lui, ce qui est important c’est la mosquée. Le minaret est une question seconde.
Un des enseignements les plus profonds du Concile Vatican II est le suivant : chacun a le droit libre d’exercer sa religion et doit être respecté par tous en ce domaine. Donc, quand
la peur dit ‘d’accord pour les mosquées, mais pas pour les minarets’ ce n’est pas très bon signe, (comme l’avaient dit les évêques de Suisse dès avant la votation). Il y a certainement
des raisons à cela et il faut les comprendre.
A Lyon, existe une tradition déjà ancienne de dialogue profond avec les musulmans comme avec les juifs, ce qui nous permet de dire que ce droit libre doit être le même partout, y compris
dans les pays musulmans. Lors de notre voyage en Algérie il y a près de 3 ans, nous avons dit ensemble, chrétiens et musulmans, que nous étions choqués par le ‘catholicisme des
caves’. Le président Sarkozy avait évoqué en son temps ‘l’islam des caves’. Il y a dans certains pays un catholicisme des caves. Je l’ai dit et certains musulmans aussi le
déplorent.
Bravo au cardinal de demander la réciprocité aux pays musulmans. Mais ce qu’il ignore, c’est que la mosquée est un lieu politico-cultuel. C’est ainsi que la terre de France
devient terre d’islam. Et comme le dit le premier ministre turc, “les minarets sont nos baïonnettes“.