Samedi dernier, les usagers de la liturgie des heures promulguée par Paul VI ont dit, peut-être sans le savoir, aux vêpres un texte composé personnellement par Max Thurian, qui était alors pasteur calviniste. D’après son propre témoignage, le Genevois, qui était “observateur” délégué par la communauté de Taizé auprès de la commission chapeautée par Mgr Bugnini, a écrit lui-même la deuxième prex (intercession) des vêpres de la Transfiguration.
Plus tard, s’exprimant dans les colonnes de Notitiae, la revue de la S. Congrégation du Culte divin, il s’est plaint des “libertés” prises par les traducteurs à l’égard de son texte (Notitiae n°171, oct. 1980, p. 506). A l’heure où les nouvelles traductions liturgiques francophones sont entrées dans la phase finale des négociations (et Dieu sait qu’il y a du travail pour rapprocher le texte français du texte original*!), il est assez ironique de laisser un pasteur calviniste, dont la participation à la rédaction de la liturgie catholique peut sembler étrange, nous rappeler que les traductions liturgiques ne sont pas un exercice de libre création…
NB: Pardonnez mon mauvais esprit, amis lecteurs, mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il ne serait pas inutile non plus, parfois, de rapprocher le texte liturgique français… de la langue française, car certaines traductions paraissent écrites avec les pieds! Et je dois ajouter qu’il devient chaque jour plus vital – même si, sans doute, cela ne choque plus autant – de supprimer les traductions hétérodoxes, comme le funeste “de même nature” du Credo, qui donne tort à titre posthume à saint Athanase, saint Hilaire et tous les défenseurs de la foi nicéenne!
quel serait donc ce texte “calviniste” ?
Car aux vêpres, il n’y a pas de place pour ce qui n’est pas tiré de la Bible, ormis les “preces” mais celle-ci ont une très forte inspiration biblique tout de même.
Cela sent la désinformation à plein nez d’autant que le dit texte n’est pas cité.
Rappel de la structure des vêpres dans la forme ordinaire :
verset d’ouverture Ps 70.2
Hymne, le même qu’avant le concile
psalmodie répartie en 2 psaumes + un cantique du Nouveau Testament, avec antiennes qui sont des versés de psaumes
lectio brevis (donc lecture de la Bible) avec son répons qui est 1 ou 2 versets de psaumes
Magnificat et son antienne
preces (qui sont d’inspiration biblique)
pater
oraison
bénédiction
verset bendicamus
Vous auriez parlé des matines, c’eut été possible, mais pas les autres heures.
Sur ce coup-là, cher Monsieur, et surtout sur votre dernière remarque, je suis entièrement d’accrod avec vous : horrible, le “ne nous soumets pas à la tentation”, par exemple!
Excusez mon ignorance (je n’ai que 23 ans et ce n’est que depuis peu que j’entends souvent cela), pourriez-vous m’expliquer de manière simple (peut-être par mail si c’est trop long) la différence entre “de même nature” et “consubstantiel” et la raison pour laquelle vous estimez que cela donne tort à Saint Athanase et Saint Hilaire (pour ne citer qu’eux). Je vous pose la question dans un désir de connaissance parce que j’ai toujours récité le Credo que j’ai appris petit.
Merci d’avance.
M. Maire, le texte écrit par Thurian n’est pas en l’occurrence calviniste. D’autres le sont, à d’autres endroits, mais si je lis bien cet article il dit simplement que Thurian a écrit la 2e prex des vêpres.
Hofée:
Tous les êtres humains ont la même nature (la nature humaine) entre eux, tout les chiens ont la même nature (canine) entre eux, etc. La nature n’est pas individuelle.
La substance, au contraire, est la réponse aux questions “qu’est-ce que c’est ça”, “qui est-ce” (“Jacques, fils de Jean et de Marie”, “mon ordinateur”, etc.).
Dire que Le Fils a “la même nature”, c’est dire qu’Il est “aussi un Dieu”, sans dire qu’Il est le même Dieu.
En portugais on dit “consubstancial ao Pai”; c’est un rare cas d’une erreur exclusivement française.
A ce sujet il y a une prex dans le temps de Pâques que je ne suis jamais arrivé a comprendre. Voici: Memento Passionis et Resurrectionis Filii tui Eumque audi semper interpellantem pro nobis.
On demande au Père qu,écoute le Fils.
Merci Carlos !
Vous me permettez enfin de comprendre ! Mais que peut-on faire pour que la traduction officielle change et devienne conforme à la traduction latine ?
Message à Jose Vidal Floriach. Le sens de l’oraison latine me semble très clair :
Souviens-toi de la Passion et de la Résurrection de ton Fils, et Lui-même écoute-le, qui interpelle sans cesse pour nous.
On demande au Père (en toute confiance) d’écouter, ou d’exaucer, son Fils, qui est notre intercesseur.
“Je savais que tu m’écoutes toujours.” (Jn 11,42).
“de même nature que le Père”, dans le Credo n’est pas hérétique mais seulement ambigü. On peut l’entendre ainsi : ou bien il a une nature identique au Père, une seule et même nature (et c’est la position orthodoxe), ou bien il a une nature semblable à celle du Père. Et c’est la position hérétique des semi-ariens.
Ce fut toute la querelle entre les partisans de l’homoousios (nature identique) et homoiousios (nature semblable) en grec, durant les premiers siècles de l’Eglise.
Mais le Catéchisme de l’Eglise Catholique et tout son enseignement sont là pour témoigner que la foi de l’Eglise est sans ambiguïté : seule la première interprétation est la bonne.
Maintenant faut-il changer la formule française entrée dans l’usage ? J’avoue que je n’en vois pas la nécessité immédiate. Tout le monde sait bien qu’il n’y a qu’un seul Dieu en trois Personnes : le Père, le Fils et l’Esprit Saint.