L’universitaire belge Jean-Pierre Snyers nous a, à plusieurs reprises, fait l’honneur de nous envoyer des “tribunes libres”, que nous sommes toujours heureux de publier sur OV. En voici une nouvelle à propos du hasard et de la Providence:
Deux grandes hypothèses: Soit il y a une Intelligence à la base de ce qui existe, soit il n’y en a pas et dans ce cas, tout provient du hasard. Qu’il y ait du hasard, voilà qui ne fait pas l’ombre d’un doute. Une feuille d’automne qui, par l’effet du vent, tombe à tel endroit plutôt qu’à un autre, ne suscite évidemment aucune interrogation quant au sens du lieu où elle s’est posée. Aucune raison n’est bien sûr à chercher à un tel fait.
Cela étant, peut-on affirmer qu’il n’y a que du hasard? Tout aussi évidente est la réponse par la négative. Quel conducteur affirmera qu’il est allé de Liège à Caracassonne en tournant par hasard à gauche et à droite au volant de son véhicule? Qui, lorsqu’il téléphone, se contente de former au hasard une série de chiffres?
D’où une question. Si réellement l’univers s’explique par le jeu exclusif du hasard, comment se fait-il que l’on constate une multitude de faits qui ne relèvent pas du hasard? J’avoue qu’il me faudrait beaucoup de foi pour en arriver à croire que « par hasard, le hasard puisse engendrer ce qui lui est radicalement contraire » et qu’il m’est bien plus facile d’accepter que, loin d’être le fruit d’une trajectoire aveugle et sourde, le sens et la raison s’expliquent d’une façon nettement plus logique s’ils ont à leur source une Intelligence qui les dépasse infiniment.
C’est une erreur, à mon avis, d’opposer le hasard et Dieu, comme on oppose Dieu à l’évolution, … qui serait elle-même le fruit du hasard. Métaphysiquement ça n’a pas de sens. Dieu est le créateur du hasard comme de l’évolution et ses deux créatures, comme toutes les autres, lui obéissent fidélement.
Quelqu’un disait, Einstein je crois : Dieu ne joue pas aux dés. Et pourquoi pas ? Qu’est-ce qui empêcherait Dieu de jouer aux dés ? Il y jouerait aussi bien que nous. Et même mieux, ajoutait un de mes interlocuteurs.
La création, pour moi, est un jeu de hasard et de nécessité. Cette expression est reprise d’un incroyant, mais elle se retourne facilement contre lui.
D’ailleurs, qu’est-ce que le hasard ? Vous seriez bien en peine de le définir. Le hasard, c’est un mot qui recouvre notre ignorance de phénomènes infiniment complexes, et à jamais hors de portée de notre intelligence limitée, et de nos calculs atrophiés.
Si vous consultez le Larousse, vous constatez que le hasard renvoie à la probabilité et que la probabilité renvoie au hasard. C’est un cercle. Et le cercle est inévitable.
Réfléchissez : si une particule rencontre une autre particule et interagit avec elle “par hasard”, il faut bien que la particule existe avant le “hasard”. Donc, c’est Dieu qui l’a faite, et non le hasard. Les atomes crochus de Démocrite existent avant le hasard. Ils supposent Dieu. Et tous les atomes crochus du monde n’expliqueront pas une seule pensée, pas une seule sensation. Un atome ne dira jamais “Je”.
Il est certain que le hasard, en tant que jeu des probabilités, joue un très grand rôle dans notre univers stochastique. Mais que de cette purée de probabilités, et de ces hasards enchevêtrés, ait jailli un chef-d’oeuvre intelligent et organisé comme notre propre personne, voilà qui est merveilleux. Dieu joue avec la probabilité et en tire des miracles de beauté, de sens et de valeurs transcendantes. De l’éphémère il crée l’éternel, et de l’aléatoire il tire l’organisé et le finalisé.
La matière tient par elle-même du néant et de l’indéterminé, de l’inorganisé, de la mort, en quelque sorte. Mais la forme spirituelle, qui est le souffle originel de Dieu, l’élève à la vie, qui est le contraire de la mort. A partir du hasard, nous existons et nous vivons. Nous tenons ainsi des deux pôles de l’être : l’informel et la formel, la matière et la pensée.
Dieu ne joue pas au dés. Cela est faire injure à son Intelligence Divine, cela reviendrait à celui qui est de Tout-Puissant de s’en remettre à ce qui échapperait à sa Volonté, dans ce cas Dieu ne serait pas Tout-Puissant : donc contradictoire avec sa Nature Divine.
Plus terre à terre qui joue au dés ? Il suffit de se rappeler la Passion où des romains jouèrent aux dés la tunique du Christ : bref des soudards.
La question du “hasard” devrait être posée aux scientifiques niant Dieu. Ces mêmes scientifiques qui s’émerveillent de la complexité de la nature et de la logique qui en découle. Les mêmes qui sont fiers de montrer leur voiture avec toute une technologie qui découle aussi d’une logique et d’une certaine complexité car sorti de l’intelligence de l’homme. Dans ce cas pas de problème de croyance car il ne viendrait jamais à l’idée de ces scientifiques incroyants de penser qu’une voiture est le fruit du hasard. Mais l’univers entier oui.
Cela s’appelle de la mauvaise Foi et de l’orgueil.
nous avons acquis la notion de causalité qui s’oppose au hasard, ce qui a permis des découvertes scientifiques.le quantisme a élevé le hasard au rang de science . Dieu est la cause première et est maitre du hasard. a Einstein qui disait “Dieu ne joue pas aux dés ” Niels Bohr a répondu “qui êtes vous Einstein pour dire à Dieu ce qu’il doit faire?”
Réponse à Louis. Pour moi le hasard n’échappe pas à la volonté divine puisqu’il est sa créature. La présence du hasard, ou jeu des probabilités, est indéniable dans tout l’univers matériel. Je ne vois pas pourquoi s’en scandaliser.
D’autant que le mot “hasard”, je l’ai dit, cache surtout notre ignorance.