Lors de son voyage à Venise, que nous relisons ensemble depuis hier, Benoît XVI a évoqué également l’une des principales critiques aujourd’hui adressées au concile Vatican II, et tout spécialement à la constitution Gaudium et Spes. Citant ce passage de GS:
«Certes, nous savons bien qu’il ne sert à rien à l’homme de gagner l’univers s’il vient à se perdre lui-même, mais l’attente de la nouvelle terre, loin d’affaiblir en nous le souci de cultiver cette terre, doit plutôt le réveiller : le corps de la nouvelle famille humaine y grandit, qui offre déjà quelque ébauche du siècle à venir » (Const. Gaudium et spes, n. 39),
le Pape a poursuivi:
“Nous entendons ces mots à une époque où s’est épuisée la force des utopies idéologiques, où non seulement l’optimisme s’est assombri, mais où l’espérance aussi est en crise. Nous ne devons alors pas oublier que les Pères conciliaires, qui nous ont laissé cet enseignement, avaient vécu l’époque des deux guerres mondiales et des totalitarismes. Leur perspective n’était certes pas dictée par un optimisme facile, mais par la foi chrétienne, qui anime une espérance à la fois grande et patiente, ouverte sur l’avenir et attentive aux situations historiques.”
J’avoue bien volontiers que je suis de ceux qui se sentent assez largement étrangers à l’univers mental de Gaudium et Spes, si typique des années 60 (je ne parle ici que de “l’ambiance” du texte, pas de la doctrine elle-même). Je persiste à ne pas comprendre comment cette constitution a pu brosser un tableau politique et social du monde, sans même dénoncer le fait qu’un bon tiers de l’humanité était asservi par le totalitarisme communiste, tandis qu’un autre tiers (l’Occidental) s’enfonçait dans un matérialisme hédoniste, et que le tiers restant (dit “tiers-monde”), décolonisé beaucoup trop brutalement sous l’influence conjointe des utopies wilsoniennes et léninistes, sombrait dans l’anarchie, la famine et la guerre, non pas faute de richesse, mais faute de maturité politique.
Mais j’entends tout aussi volontiers l’appel à l’espérance de Benoît XVI. J’oserais même ajouter que le tableau sombre que je viens de décrire en quelques mots appelle l’espérance chrétienne encore bien davantage que le tableau un peu irénique de GS!
J’ai entendu dire que Saint Agustin dont la ville était entourée par les barbares et allait être envahie ne cessait d’enseigner que Dieu est amour. De ce point de vue, je dirai que son espérence chrétienne ressemble à de l’irénisme.
.
Sans doute elle peut apparaître ainsi parce que notre société confond trop amour et sentimentalisme d’ailleurs. L’amour véritable est exigeant.
.
De même que l’espérance véritable ne se nourrit pas de substance euphorisantes. Mais, sans rien nier au tragique de la réalité elle nous pousse à plonger nos racines vers le ciel. Quand bien même tout finirait mal ici-bas, notre espérance c’est le Christ et la vision béatifique.