Sachant que je suis avec attention les derniers développements du projet de loi de bioéthique (actuellement en seconde lecture au sénat, et cela se présente assez mal – n’hésitez pas à prier à cette intention), un ami m’a envoyé un entretien de Jean Léonetti, député UMP des Alpes Maritimes, radical (ce qui, en général, est la façon polie de dire franc-maçon), et surtout rapporteur du texte à l’Assemblée nationale, au journal “La Croix” du 24 mai.
J’y lis notamment ceci:
“Oui. Certes, on nous pousse à libéraliser la recherche génétique, en disant que les équipes françaises réaliseraient alors de nouvelles performances. Mais au final, la pression la plus forte est venue de l’autre bord, de la Fondation Jérôme-Lejeune (NDLR : qui dénonce le risque d’atteinte à la dignité humaine et d’eugénisme).
À partir d’une inquiétude légitime, on en vient à un affrontement excessif, qui ne sert pas le débat. En bioéthique, il n’y a pas le bien d’un côté et le mal de l’autre, le progrès contre la morale mais le doute, l’écoute, la volonté de parvenir à l’équilibre. Il faut passer d’une éthique de conviction à une éthique de responsabilité.
De nombreux députés, dits «?conservateurs?», l’ont compris?: tout en défendant leurs convictions, ils sont soucieux de parvenir à cet équilibre. N’oublions pas que la France demeure, avec l’Allemagne, l’un des pays où il y a le plus de précautions en matière de bioéthique.”
Quand Léonetti parle de “l’autre bord”, c’est qu’il évoquait avant Marc Peschanski, biologiste de son état, et militant de “Lutte ouvrière” (ce qui est, chacun en conviendra, un gage d’objectivité!…), et, dans le dossier qui nous intéresse, grand défenseur de l’autorisation de recherche sur les embryons humains.
Quoique l’on pense par ailleurs de la Fondation Lejeune, il me semble déjà assez surprenant que l’on mette sur le même plan les pressions mortifères d’un Peschanski et celles de la Fondation Lejeune.
Car il y a une réalité basique: la recherche sur les embryons tue – dans l’immense majorité des cas – les embryons. Et l’on voit mal comment trouver une sorte de compromis entre ceux qui sont pour la mise à mort et ceux qui sont contre. Cette espèce de compromis me semble aussi rationnel que le concept de massacreur modéré!
Mais ce qui me laisse pantois, c’est cette phrase:
“En bioéthique, il n’y a pas le bien d’un côté et le mal de l’autre, le progrès contre la morale mais le doute, l’écoute, la volonté de parvenir à l’équilibre. Il faut passer d’une éthique de conviction à une éthique de responsabilité.”
Si je comprends bien, il n’est pas possible de dire que sauver des innocents, c’est bien; les massacrer, c’est mal. Mais s’il n’y a pas le bien d’un côté et le mal de l’autre, je ne vois pas bien, Monsieur le Rapporteur, au nom de quoi vous voulez maintenir l’interdiction de la recherche sur les embryons. Ne comprenez-vous pas que vous sciez la (fragile) branche sur laquelle vous êtes assis?
Je n’insiste pas sur la fameuse distinction wébérienne entre éthique de conviction et éthique de responsabilité. Elle a toujours servi à “justifier” toutes les démissions (dans le style: comme catholique, je suis opposé à l’avortement, mais comme homme politique, je voterai pour…).
Décidément, ce débat sur la bioéthique est un étrange (et inquiétant) révélateur de la déliquescence morale de la société française!
Il est intéressant le sophisme employé par manipulation verbale :
opposition bien / mal suivie d’une pseudo opposition progrès/moral.
Et si le progrès était moral ? Cela ne semble pas venir à l’esprit des ces gens là qu’il existe une voix où le progrès est moral comme par exemple les cellules re-programmables.
C’est un des maux de notre société : l’invention d’opposition entre 2 éléments qui ne sont pas du même ordre ou pas de la même nature, opposer le fond et la forme.
on confie à des élus le soin de choisir entre le bien et le mal, ce qu’ils ignorent, ils veulent contenter tout le monde; en cuisine ce mélange est une omelette on n’y voit plus les couleurs d’origine. Ne pas savoir devrait être une cause d’abstention