La lecture de “La Croix” m’a toujours semblé à la fois riche d’informations que l’on ne trouve pas ailleurs dans la presse française, et souvent agaçante par l’application de critères vaguement politiques sur tel prélat ou telle décision. Vous savez, le style: Benoît XVI est un Pape de droite parce qu’il a une “sensibilité traditionnelle” en matière de liturgie; ou, c’est un Pape de gauche parce qu’il est “pour” le dialogue interreligieux… Je sais bien que les contraintes médiatiques imposent souvent la simplification, mais il n’empêche: ça m’agace souvent.
C’est encore ce qui s’est passé quand j’ai lu l’article de Frédéric Mounier, correspondant du quotidien “officieux” de l’épiscopat français à Rome, en date du 15 avril et intitulé: “Rome adresse un message à tous les catholiques de Chine”.
Déjà, cette appellation de “Rome” me paraît périlleuse. En l’occurrence, il s’agit de la Commission vaticane pour l’Eglise catholique en Chine – ce qui, dans la vie politico-administrative française, serait quelque chose comme une réunion interministérielle.
Mais, surtout, j’ai du mal à supporter les découpages pseudo-politiques sur le thème l’extrémiste cardinal Zen (je vous rassure, ce n’est pas ce que dit Frédéric Mounier) face au modéré Mgr Hon-Fai-Tai, secrétaire chinois de la Congrégatioin pour l’Evangélisation des peuples (et, pour le coup, Mounier parle bien de la ligne “plus modérée” de ce dernier).
En réalité, je ne crois pas que l’on puisse être plus ou moins “modéré” sur le dossier dont il est question: la question est finalement de savoir s’il revient au Pape ou à l’Etat de conférer l’épiscopat (c’est toujours le même problème depuis la querelle dees investitures chez nous!).
Le Pape peut accepter une intervention plus ou moins large de l’Etat dans cette affaire cruciale, mais il ne peut pas renoncer à un principe de base: le pouvoir de juridiction de l’évêque lui est donné par Dieu par la médiation du souverain pontife. Il peut s’agir d’une désignation ou d’une simple approbation tacite, mais il faut au minimum une acceptation du saint-siège.
C’est là le problème central entre l’Eglise clandestine et l’Eglise “patriotique”, entre le saint-siège et Pékin.
Et, de même que l’on ne peut pas être modérément excommunié ou extrêmement excommunié, on ne peut être modéré sur cette question. Je n’ignore pas que je m’expose à être accusé de simplisme. A vrai dire, j’y consens volontiers. Je sais bien que le problème des relations avec Pékin est délicat; je sais bien qu’une chrétienté pleine d’avenir naît sous nos yeux en Chine, malgré les tracasseries ou les persécutions communistes et qu’il ne faut pas éteinde la mèche qui fume encore. Il reste que, sur le fond, la question est simple: il s’agit du lien avec l’Eglise universelle et ce lien passe par la communion hiérarchique avec le successeur de saint Pierre.
NB: Est-il besoin de préciser que cela n’empêche nullement l’article de Frédéric Mounier d’être fort instructif et je vous invite volontiers à le lire… et, plus encore à lire le message aux catholiques de Chine dont il est question. A propos du message, vous serez sans doute surpris comme moi: le message est en 11 points, alors que Mounier parle de 4. Je n’ai pas compris pourquoi. Peut-être disposait-il d’une autre version (mais alors, il est bizarre de renvoyer dans son article à cette version-là)?
M. Ganimara, il semble qu’on puisse être modérément excommunié, puisqu’on parle maintenant de communion partielle et de pleine communion. Encore une magnifique invention bien dans le genre de Vatican II; encore un point que le magistère devra tôt ou tard tirer au clair en se prononçant sans ambiguïté.
Bonjour Mr Ganimara,
J’aurais bien aimé lire l’article de Frédéric Mounier, mais le lien que vous avez fournis ne marche malheureusement pas.