Je reviens sur la conférence de Mgr Chaput dont je parlais hier et sur le soutien aux médias catholiques. Mgr Chaput déclare:
“Nous nous trompons gravement si nous nous fions à des médias comme le New York Times, Newsweek, CNN ou MSNBC pour obtenir des informations fiables à propos de la religion. Ces médias d’information ne fournissent tout simplement pas une information digne de confiance à propos de la foi religieuse – et parfois ils ne peuvent tout simplement le faire, que ce soit en raison de ressources limitées ou en raison de leurs propres préjugés éditoriaux. Il s’agit d’opérations sécularistes dont l’objectif est le profit. Ils ont très peu de sympathie pour la foi catholique, et une bonne dose de scepticisme agressif à l’égard de n’importe quelle communauté religieuse qui affirme prêcher et enseigner la vérité de Dieu.
Alors à qui faire confiance ? Où aller chercher des informations fiables et des discussions intelligentes à propos de votre foi catholique ?
[…] Par chance, vous vivez en un monde qui dispose de médias d’information radicalement nouvelles. Vous disposez de plus de choix médiatiques, et de davantage de manières d’y avoir accès, que j’aurais pu seulement imaginer à votre âge.
Beaucoup de ces choix incluent des médias catholiques exceptionnels comme la Catholic News Agency, EWTN, le National Catholic Register, Our Sunday Visitor, Salt and Light et le Catholic News service ; et puis il y a les blogs catholiques, les sites internet et les radio catholiques par satellite. Soutenez ces médias et encouragez leur bon travail pour l’Eglise. Visitez leurs sites internet. « Aimez »-les sur Facebook. Suivez leurs mises à jours sur Twitter. Ces excellentes sources médiatiques nourriront et approfondiront votre foi d’une manière dont les gros médias publiques sont incapables.”
Comme le dit malicieusement Jeanne Smits, vous pouvez transposer facilement les remarques sur certains titres “progressistes” anglophones à des titres français. Vous pouvez aussi faire de même pour les médias catholiques. Pour ma part, quand je cherche une actualité catholique en français, je regarde prioritairement sur le Salon beige, entreprise de réinformation à ma connaissance sans équivalent sur le net francophone. Mais, selon vos centres d’intérêt, vous pouvez choisir tel ou tel média.
Ce qui me semble intéressant dans ces quelques phrases de Mgr Chaput, c’est que l’archevêque désigné de Denver propose sans atermoiement un “communautarisme catholique”.
Vous savez peut-être qu’il y a eu, voici quelques années, une polémique sur ce sujet entre catholiques “conservateurs” français. En gros, une partie d’entre eux prenaient parti pour ce communautarisme catholique, tandis que les autres affirmaient que le catholicisme ayant vocation à l’universel ne pouvait se permettre un tel “repli sur soi”. J’avoue n’avoir jamais bien compris la portée de ce débat. Il me semble parfaitement possible de penser simultanément que nous défendons une loi naturelle, valide pour tous et non exclusivement pour nous-mêmes, fidèles catholiques, et que ce discours est actuellement inaudible dans la société contemporaine et qu’il nous faut, par conséquent, nous organiser pour en assurer la transmission aux générations à venir (avec nos écoles “à nous”, nos hôpitaux “à nous”, nos médias “à nous”, etc.), en attendant l’heure – qui ne peut manquer d’arriver si la Parousie n’arrive pas d’ici là – où un discours conforme à la nature de l’homme sera de nouveau audible. C’est en tout cas ma propre conception du “communautarisme catholique”. Je ne le vois pas comme un repli sur soi. Il va de soi que nos communautés doivent être prêtes à recevoir des personnes éloignées de notre pratique religieuse. Il va de soi que nous devons être prêts rendre compte de l’espérance qui est en nous, comme disait saint Pierre. Mais il est clair aussi que nous vivons dans un monde prodigieusement hostile au christianisme (plus même que l’empire romain païen décadent, même si nous ne sommes pas jetés aux lions!) et qu’il nous faut garantir que nos enfants recevront l’enseignement de la Révélation non expurgé pour plaire aux modes et aux puissants du jour. Je rappelle tout de même que nous avons pris cet engagement le jour de leur baptême!
Bref, sans avoir le moindre goût pour les dérives sectaires et les associations tribales, je me réjouis que Mgr Chaput nous propose la voie de ce “communautarisme catholique”!
NB: encore une réflexion: il existe évidemment des communautarismes illégitimes. C’est le cas du communautarisme “gay” ou du communautarisme maçonnique, par exemple. Mais ces communautarismes ne sont pas problématiques du fait des solidarités qu’ils mettent en place, mais du fait de l’illégitimité de ces communautés mêmes. En d’autres termes, un communautarisme vaut ce que vaut la communauté qu’il réunit. Et je ne vois vraiment pas comment on pourrait considérer que la communauté catholique est illégitime… Cela étant, je suis très désireux d’avoir vos réactions, chers amis lecteurs, sur cette notion de “communautarisme catholique”, qui me semble assez mal définie.
Ce mot “communautarisme”, tout comme un certain nombre de termes abstraits tels que “tolérance”, “ouverture”, “vivre ensemble”, “progressisme/conservatisme” ne veulent strictement rien dire s’ils ne sont pas éclairés par des faits, qui peuvent d’ailleurs être positifs ou négatifs.
Et c’est justement pour cette raison que je n’accepterai jamais de me faire enfermer “de l’extérieur” par ces notions abstraites: si quelqu’un veut participer aux messes, aux activités, aux journées des familles organisées par la communauté dont je fais partie, libre à eux de joindre le groupe (même d’ailleurs s’ils expriment ouvertement leur désacoord avec tel ou tel point, cela ne me pose aucun problème), et libre à eux de partir quand ils le veulent.
Et la même chose s’applique à ma connaissance pour un club de foot, de cuisine ou de confection de bouquets de fleurs!
Généralement, tous les mots en “-isme” sont suspects.
La communauté, oui.
Le communautarisme,non.
La liberté, oui.
Le libéralisme, non.
La communion, oui.
Le communisme, non.
La foi, oui.
Le fidéisme, non.
La raison, oui.
Le rationalisme, non.
Etc…
Tout mot peut être dévoyé et retourné comme une injure, c’est le cas de “communautarisme”.
Pour les chrétiens qui sont catholiques leur foi est une ouverture à toute l’humanité.
Les païens regrettent certainement que leur opinions et moeurs ne prennent pas sur les catholiques, c’est en ce sens qu’ils nous envoient l’injure de “communautaires”.
Le communautarisme à la fin des temps sera la communion des saints.
Nous n’avons plus le choix.
La seule solution me semble un communautarisme véritablement catholique, qui doit – hélas mille fois hélas – se situer parfois à la lisière ou en dehors des structures ecclésiales diocésaines ou “officielles” qui sont très souvent entièrement sécularisées et “mondanisées”. Pour rester catholiques aujourd’hui, nous devons faire un tri judicieux et pas toujours évident de prime abord. Ce qui ne peut se réaliser pleinement que si nous connaissons bien notre foi, notre doctrine, nos dogmes, donc posséder les bases indispensables pour exercer notre jugement en fonction de la vertu de prudence. Beaucoup de structures qui se disent catholiques n’en ont plus que l’étiquette : écoles, paroisses, hôpitaux, mutualités, partis politiques, activités de jeunesse, médias,… Sans oublier les personnes, du simple laïc au prélat. Tout en étant conscient que, de nos jours, les institutions et les personnes éprouvent beaucoup de difficultés à arbitrer leurs positions face à tel ou tel problème (par ex. les programmes scolaires dans les écoles sous contrat ou reconnues par l’autorité publique, les soins dans les hôpitaux dits catholiques financés par la collectivité, les centres d’adoption vis-à-vis des “couples” homos, les pharmaciens pour la vente de certains produits & services, etc, etc, etc (la liste est hélas longue), il faut bien constater que nous ne sommes plus au temps où nous rendre n’importe où on voyait le mot “catholique” impliquait automatiquement une fidélité et, par voie de conséquence, un service conforme à la foi catholique. Loin s’en faut ! Pour rester catholique de nos jours, il faut véritablement s’impliquer dans des réflexions profondes et souvent quotidiennes soutenues par la prière et une “(in)formation continue”.
Et le tourisme, M. l’abbé ?
Le tourisme, non.
Une bonne tournee, oui!
Et le catholicisme, M. l’abbe?
J’ai écrit : “Généralement”.
C’était ma manière de dire que le communautarisme me semble détestable, parce que c’est un repli sur soi, et le “catholic-isme”, lui, est, comme son nom l’indique, une ouverture à l’universel. En somme, le contraire.
@Vini:
“et qu’il nous faut, par conséquent, nous organiser pour en assurer la transmission aux générations à venir (avec nos écoles « à nous », nos hôpitaux « à nous », nos médias « à nous », etc.), en attendant l’heure – qui ne peut manquer d’arriver si la Parousie n’arrive pas d’ici là – où un discours conforme à la nature de l’homme sera de nouveau audible.”
C’est exactement cela le repli sur soi. Mais ce n’est pas condamnable “en soi” ;-)
Ce qui serait dommage, ce serait d’y rester. Mais se ressourcer en Eglise et sa communauté chrétienne, autour du Christ en vue de retourner plus fort vers le monde et l’évangéliser me semble un programme tout à fait valable.
@Benoît Lobet:
Permettez-moi d’être vraiment déçu par votre premier commentaire.
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Si comme je l’ai compris vous êtes prêtre, j’ose espérer que l’on vous appris au séminaire à faire oeuvre d’une intelligence plus fine que cette réflexion sur les “isme” que l’on me servait déjà il y a 30 ans… Avec le même insuccès.
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Alors quid des (dans le désordre)Bouddhisme, cubisme, féminisme, athéisme, thomisme, pacifisme ?
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Oui, j’ai bien lu “en général”.
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Allez, c’est sans agressivité vous l’avez deviné. Je suis sûr que vous nous gratifierez d’un commentaire de bien meilleur niveau la prochaine fois.