Dans le discours prononcé à l’ICES, dont je parlais tout à l’heure, Mgr Bruguès a également évoqué l’un des plus graves problèmes que rencontrent aujourd’hui les chrétiens en politique:
“Max Weber professait que, lorsqu’elles se trouvaient en opposition, l’éthique de conviction (personnelle) devait toujours s’incliner devant l’éthique de responsabilité (incidence collective). Le christianisme croit l’inverse : la dignité de l’homme lui intime l’ordre de suivre sa conscience jusqu’au bout. En mars 1990, le Parlement belge avait voté une loi décriminalisant l’avortement. Le roi Baudouin Ier déclara qu’il ne pouvait en conscience signer et promulguer ce texte ; il préféra abdiquer pendant trente-huit heures pour ne pas avoir à le faire. D’aucuns lui en firent le reproche : « Le roi est-il au-dessus des lois ? ». La réponse nous a été donnée par Thomas More : oui, il existe en chacun de nous, et non pas seulement chez les rois, un organe merveilleux qui nous rend supérieurs aux lois politiques. C’est lui qui fait de nous des êtres libres.”
Ce qui nous ramène à la question des “points non négociables”: en conscience, il ne nous est pas permis, à nous catholiques, de collaborer au mal dans les matières les plus graves. Et il est clair que le vrai clivage politique n’est pas le clivage droite-gauche (disons ceux qui privilégient la liberté ou ceux qui privilégient l’égalité), mais c’est le clivage entre ceux qui estiment que l’homme est maître de la vie (et peut donc la supprimer sans problème dans tel ou tel cas) et ceux qui pensent le contraire…