Les médias ont largement donné écho à la rencontre entre Benoît XVI et Rowan Williams, le primat de la Communion anglicane, à Lambeth. Il ont souvent parlé de l’engagement social commun mentionné dans la déclaration publique des deux hommes. Ils ont en revanche peu commenté ce paragraphe sur
“l’importance de poursuivre le dialogue théologique sur la notion d’Eglise comme communion, locale et universelle, et sur les implications de ce concept pour le discernement et l’enseignement éthique”.
Ce paragraphe me semble cependant décisif. Il est, en particulier, au coeur des délicates relations entre Rome et Canterbory. Depuis des décennies, on a en effet trop facilement accepté l’idée que le concept d’Eglise comme communion (pris au sens “horizontal”, de communion entre les chrétiens actuellement vivants) conduisait à une certaine conception de l’oecuménisme, selon laquelle l’Eglise catholique et les autres confessions chrétiennes devraient progressivement “sortir d’elles-mêmes” pour constituer ensemble une sorte de “parlement” des Eglises.
En réalité, le concept d’Eglise comme communion est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît. Il est en particulier lié à l’idée de communion des saints et donc de communion “verticale” avec les chrétiens des siècles passés. Et il est aussi lié à une conception hiérarchique de la communion: la communion avec l’Eglise de Rome est, à ce titre, la pierre de touche de la communion avec la Tradition chrétienne (c’est ce qu’indique la remarque sur les Eglises locales et universelle).
Dernière chose: cette communion avec les saints déjà retournés à la maison du Père implique que l’on ne puisse pas faire n’importe quoi du legs qu’ils nous ont transmis, en particulier des sacrements. Et c’est donc précisément parce que l’Eglise est communion que nous ne pouvons pas accepter les parodies d’ordination qui conduisent aujourd’hui la Communion anglicane à exploser…