Les démêlés judiciaires de l’Eglise de Belgique ont largement éclipsé la nomination de Mgr Josef De Kesel comme
évêque de Bruges, mais nous y revenons enfin.
Mgr Léonard poursuit clairement le nettoyage par le vide, pour remodeler
l’archidiocèse de Malines-Bruxelles selon ses orientations. Arrivé en janvier avec deux évêques auxiliaires (il y en a normalement trois ou quatre), le primat n’en a maintenant plus aucun.
C’était la table rase à laquelle il voulait parvenir, pour refaire l’archidiocèse ex
novo, à son image et à sa ressemblance. Il a évidemment exploité sa visite
ad limina en mars, puis son récent voyage pour la réception du pallium, pour pousser les dossiers de ses favoris.
C’est dans ce tableau d’ensemble que s’inscrit la nomination de Mgr De Kesel à
Bruges. Dauphin du cardinal Danneels, Josef De Kesel s’était vu barrer la route à la succession de celui-ci. Du moins à Malines car on peut bel et bien parler d’une
succession danneelsienne à Bruges. Mgr Vangheluwe, qui avait démissionné de ce siège en avril pour faits de pédophilie, était notoirement un “Danneels boy”, non dans le
sens d’un fils spirituel du cardinal mais dans le sens d’un frère (d’armes). Ayant enseigné tous deux au grand séminaire de la « Venise du Nord » (ils y furent collègues de 1968 à
1977), Danneels et Vangheluwe formaient un tandem, discret mais réel. Lorsque le cardinal voulait lancer une initiative risquée, en particulier dans le domaine éthique, c’était en général son
confrère de Bruges qu’il envoyait en éclaireur. Il y a quelques mois, ce n’est pas un hasard si c’est Godfried Danneels que Roger Vangheluwe sollicita comme médiateur avec le garçon dont il
avait abusé sexuellement.
Etant natif du village de Kanegem, en Flandre maritime, le cardinal Danneels
est à l’origine un diocésain de Bruges. En 1984, lorsque Mgr Emiel De Smedt (célèbre par son rôle à Vatican II) démissionna pour raison d’âge, Mgr Danneels prit soin de faire nommer, et de
sacrer lui-même, un de ses fidèles pour assurer la succession à la tête de son diocèse d’origine. En y propulsant à présent le dauphin du cardinal, Mgr Léonard a offert à ce dernier un cadeau
inespéré : une véritable lignée dans sa petite patrie. C’est ça qui est merveilleux avec Mgr Léonard : avec lui, il n’y a même plus besoin du cardinal Danneels pour faire du
danneelsisme. Et ça passe beaucoup mieux, Rome étant évidemment plus en confiance avec l’actuel archevêque qu’avec son prédécesseur!
(à suivre)