J’avais lu avec intérêt le discours du Pape au monde de la culture du Portugal (le 12 mai).
Mais, voyant que tous les médias se gargarisaient d’une phrase sur la “vérité des autres”, j’ai pris le soin de
relire. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le contexte change un peu la “coloration” du texte – et me rassure sur le fait que je n’avais pas trop divagué au cours de ma lecture. Voici le
passage en question:
“Pour une société formée en majeure partie de catholiques et
dont la culture a été profondément marquée par le christianisme, la tentative de trouver la vérité en dehors de Jésus-Christ s’avère dramatique. Pour nous, chrétiens, la Vérité est divine ;
elle est le « Logos » éternel qui a pris une expression humaine en Jésus-Christ, lequel a pu affirmer avec objectivité : « Je suis la vérité »
(Jn 14,6). L’existence dans l’Église de sa ferme adhésion au caractère pérenne de la vérité avec le respect pour les autres ‘vérités’ ou avec la vérité des
autres, est un apprentissage que l’Église elle-même est en train de faire. Dans ce dialogue respectueux peuvent s’ouvrir de nouvelles portes pour la transmission de la vérité.”
(source: Catholiques.org)
Autrement dit, le Pape reconnaît volontiers que certaines vérités existent en
dehors de l’Eglise. Si les médias avaient deux sous de connaissance de la Tradition, ils sauraient que c’est archi-classique, au moins depuis les “semences du Verbe” dont parlaient les premiers
Pères de l’Eglise.
Mais le Pape dit aussi que le Christ est la Vérité (et non une vérité, parmi
bien d’autres) et que l’abandon de cette unique Vérité s’avère dramatique pour nos sociétés anciennement chrétiennes.
Au passage, cela nous permet de toucher du doigt ce que signifie la relecture
de Vatican II par Benoît XVI. Il ne nie rien des textes conciliaires – y compris les plus controversés, comme, en l’occurrence, Nostra Aetate -, mais il les relit dans un contexte radicalement
nouveau (ou, si l’on préfère, radicalement traditionnel, ce qui ici revient au même): le dialogue interrelegieux, que la plupart des interprètes de Vatican II avaient vu comme une porte ouverte
au relativisme, devient ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être: une occasion de présenter à nos interlocuteurs l’unique Logos.