Le quotidien “La Croix” a récemment rendu compte d’une soirée qu’il avait organisée avec les jésuites de la revue “Etudes” à l’ambassade de France près le saint-siège, le 19 mai,
sur le thème “Vatican II hier et aujourd’hui”.
La question annoncée dans l’article est de celles qui nous intéresse fort dans ce blog: “Faut-il comprendre le
concile Vatican II selon une logique de continuité ou de rupture ?”
Curieusement, à en croire le rédacteur romain de “La Croix”, la question a glissé sur la compréhension de la
“différence chrétienne”: “Soit maintenir une culture proprement catholique défensive face à la société, soit inscrire cette différence au sein de la modernité.”
Et, naturellement, de faire l’éloge de la seconde version, qui “se risque à accepter la croix plutôt que d’imposer
la vérité”, alors que le premier modèle serait “intransigeant, intégral et utopique”.
Tout ceci est bel et bon. Mais, d’abord, cela ne répond pas à la question de la continuité. Et, ensuite, si l’on
veut absolument changer de question, j’avoue que je reste perplexe devant le manichéisme de l’article.
Je sais bien qu’exposer des subtilités théologiques en 2500 ou 3000 signes est un exercice périlleux, mais tout de
même! Croit-on vraiment que les personnes qui, au nom de leur foi catholique, s’opposent à la modernité n’inscrivent pas leur différence au sein de la modernité? Croit-on vraiment qu’ils
déambulent dans la rue en toge ou en char à boeufs et refusent avec obstination l’usage du grille-pain? A vrai dire, plus on réfléchit sur cette phrase, moins on comprend ce que signifie ce
galimatias.
J’ajoute que je trouve assez “gonflé” de dire que ceux qui rejettent une culture “proprement catholique”, fût-elle
“défensive face à la société”, veulent “imposer la vérité”. Et plus gonflé encore de prétendre qu’ils refusent la croix!
NB: Je n’ai évidemment aucune qualité pour donner quelque conseil que ce soit à qui que ce soit en matière
religieuse ou en matière de communication, mais, comme simple “consommateur”, je suggère à nos confrères d’abandonner ces termes de langue de buis comme “différence chrétienne”. Cela fait des
années que je les lis, et autant d’années que j’essaie en vain de comprendre ce que cela signifie. Pour tout dire, j’ai la désagréable impression que l’expression change de sens à
volonté…