Dans l’article de Daniel Hamiche que je citais hier, je relève également un autre point important – et troublant – dans l’entretien du cardinal O’Malley, archevêque de Boston, avec le journaliste John
Allen:
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Q. J’ai suggéré l’idée qu’une partie de la raison pour laquelle le Vatican n’a pas tout dit sur l’action
de Benoît XVI concernant la crise, était destinée à le défendre, qu’on doit identifier l’opposition qu’il a affrontée, laquelle comprend de très hauts
responsables comme Sodano, et que tout cela pourrait finir par ternir le [pontificat] deJean-Paul [II]. Partagez-vous cette préoccupation ? -
R. Je pense qu’il est injuste de faire rejaillir cela
sur Jean-Paul II. Cette crise est vraiment arrivée son sommet à la fin de son pontificat, alors qu’il était en très mauvais état. S’il avait été plus jeune, par exemple, il serait venu à Boston. Ce ne sont pas les problèmes qui
l’effrayaient. Je pense qu’il a été abrité de beaucoup de ces choses par des gens qui essayaient de le protéger.
La crise dont il s’agit est évidemment la crise liée aux crimes pédérastiques, qui a éclaté d’abord en Amérique
du Nord, et tout spécialement à Boston, où siège actuellement le cardinal O’Malley.
Mais je ne peux m’empêcher de trouver bizarre, et même à certains égards inquiétante, cette idée que Jean-Paul
II à la fin de son pontificat n’était plus responsable, parce qu’il était “en très mauvais état”. Est-ce à dire que les décisions prises en son nom l’ont été illégitimement? Quid des nominations?
Quid des textes magistériels?
En voulant à tout prix éviter d’entacher la réputation de Jean-Paul II (qui, de toute évidence, était fort loin
d’imaginer l’ampleur du cloaque), ne risque-t-on pas de faire plus de mal que de bien en jetant la suspicion sur tous les actes posés au cours des dernières années du pontificat?
A vrai dire, ce qui m’inquiète dans ce qu’évoque le cardinal, c’est aussi que l’on peut entendre à demi-mots
cette accusation terrible: les plus hauts prélats n’obéissent pas au Pape. Il est certain en tout cas que la crise de l’Eglise est largement une crise de l’autorité.