La visite de Benoît XVI à la communauté luthérienne de Rome m’a, je l’avoue, laissé perplexe: il me semble, en effet, à première vue, que cette visite tombe sous le coup de la communicatio in
sacris (que j’ai critiquée notamment le 25 février, à propos de la “concélébration” oecuménique de Mgr Kratz).
Je lis cependant ces éléments dans le Directoire oecuménique de 1993, via
le Forum catholique:
n°118: Dans les célébrations liturgiques ayant lieu dans d’autres Eglises et Communautés ecclésiales, il est conseillé aux catholiques de participer aux psaumes, répons, hymnes et gestes communs de
l’Eglise dont ils sont les invités. Si leurs hôtes le leur proposent, ils peuvent lire une lecture ou prêcher.
n°134: Pour la liturgie eucharistique catholique, l’homélie, qui fait partie de la liturgie elle-même, est réservée au prêtre ou au diacre, car elle est la présentation des mystères de la foi et
des normes de la vie chrétienne en accord avec l’enseignement et la tradition catholiques.
En d’autres termes, et si je comprends bien, il est permis aux prêtres catholiques (et donc a fortiori au Pape, qui est, à certains égards, source de la loi canonique) de prêcher dans les temples
nons catholiques, mais l’inverse est impossiblle.
Soit. Il n’empêche que cette sorte de “communicatio in sacris” peut être objet de scandale pour les humbles conduits à croire, trop hâtivement, que nous sommes en communion avec ces communautés (en
réalité) séparées.
Il faut cependant mentionner encore que Benoît XVi a déclaré, au cours de cette cérémonie oecuménique: “Nous ne pouvons pas encore boire au même calice, ni monter ensemble à l’autel.”
Manière non équivoque de dire qu’il ne s’agissait pas, à proprement parler, d’une célébration en commun, d’une célébration luthéro-catholique encore impossible.
Espérons que les fidèles auront compris ces signes et ces refus, et n’en déduiront pas qu’il est désormais possible de “communier” dans un temple luthérien, ou d’accueillir un pasteur pour
“concélébrer” le Saint-Sacrifice!…