Lors de son déplacement à Venise que j’évoquais hier soir, au début du mois de mai, Benoît XVI a également fait un net hommage de l’enracinement (par opposition aux “valeurs” de notre post-modernité). Jouant sur le caractère marin de la Sérénissime, il a déclaré:
“Il s’agit de choisir entre une ville « liquide » [le Pape fait ici allusion au sociologue Zygmunt Bauman qui a défini notre société comme “liquide” pour définir son peu de stabilité, ndlr], patrie d’une culture qui apparaît toujours plus comme celle du relatif et de l’éphémère, et une ville qui renouvelle constamment sa beauté en puisant aux sources bénéfiques de l’art, du savoir, des relations entre les hommes et les peuples.”
Et il est clair que le relatif et l’éphémère ne sont pas le bon choix dans la pensée du souverain pontife!
Et, puisque le Pape parle ici d’art, je me permets, à ce propos, de noter que la pensée artistique de Benoît XVI semble mal comprise, même à la curie romaine. Certes, le catholicisme n’est pas lié à une forme d’art, à une école artistique, en particulier, mais, comme toutes les civilisations élevées, la civilisation chrétienne recherche naturellement le beau, et le beau durable. Quand on voit que, pour le jubilé sacerdotal du Pape, un dicastère a pu organiser une exposition “d’oeuvres”, dont la plupart seront oubliées par leurs auteurs mêmes d’ici la fin de l’année, et dont les auteurs n’ont manifestement pas cherché à traduire la beauté de Dieu ou de sa création, on se dit qu’il ne serait pas mauvais qu’à Rome, certains lisent avec un peu plus d’attention les textes pontificaux!
Cette recherche de stabilité et d’enracinement me semble déjà vitale pour n’importe quelle civilisation, mais combien plus pour la civilisation chrétienne pour laquelle la fidélité est une des plus hautes vertus…
“la culture est ce qui reste quand on a tout oublié”; bien des oeuvres dites d’art modernes seront vite oubliées; on peut être moderne et avoir des racines anciennes. Je me souviens avoir lu avec enthousiasme:” description de San Marco” écrit par Michel Butor en 1963(cathédrale de Venise, mais leçon d’évangile)écrivain résolument moderne dans “mobile “écrit à la même époque