J’ai écrit voici quelques jours (voir ici) que le paragraphe 67 de Caritas in veritate n’impliquait pas nécessairement que Benoît XVI “oblige en conscience” les fidèles
à collaborare au projet mondialiste.
Je le crois toujours. Cependant, un ami lecteur me fait remarquer que ce paragraphe emploie bien des expressions typiquement “onusiennes” et que, d’ailleurs, il mentionne explicitement l’ONU comme
un élément utile et nécessaire à l’ordre du monde.
Comme cet ami, je crains que les papes, depuis plusieurs décennies, ne fassent preuve de naïveté en matière de communication. Ils croient souvent possible d’utiliser et de détourner le vocabulaire
de l’adversaire. C’est ainsi que Jean-Paul II parlait fréquemment des “droits de l’homme”, en semblant méconnaître que l’expression renvoyait la quasi totalité des auditeurs aux droits de
l’homme de 89 – qui restent évidemment inadmissibles pour un chrétien (ne serait-ce que par leur individualisme et leur lien avec le “contrat social” rousseauiste). Il était facile, si on
prenait le temps de lire, de constater que Jean-Paul II ne mettait pas la même chose que l’abbé Siéyès derrière ce concept. Mais qui donc prend le temps de lire les papes?
En toute hypothèse, utiliser le vocabulaire de l’adversaire me paraît une stratégie funeste. Cela accoutume l’auditoire à penser que l’adversaire a raison ou, du moins, que nos divergences n’ont
guère d’importance.
J’ajoute que cette funeste habitude remonte bien loin. On se souvient, pour rester dans le cadre du § 67, des nombreux éloges de l’ONU (qui, pourtant, déjà à l’époque, se vantait par la voix de
certains de ses dirigeants comme Julian Huxley d’avoir une vision du monde parfaitement matérialiste, ne devant qu’à Darwin et à Freud!…) par Pie XII.
Souhaitons que cette stratégie soit abandonnée au plus vite!