Parmi les « grands barons » du cardinal Sodano figure le cardinal Martino, très proche par ailleurs du richissime homme d’affaires argentin Juan Esteban Caselli (je rappelle que Juan
Esteban – Cacho – Caselli, ancien ambassadeur d’Argentine auprès du Saint-Siège, est aujourd’hui gentilhomme de Sa Sainteté, ambassadeur de l’Ordre de Malte au Pérou, propriétaire d’une villa à
Castel Gandolfo, sénateur d’Italie), dont il a fait un membre du conseil d’administration de la Fondation San Matteo, destinée aux œuvres humanitaires vaticanes vers les pays pauvres.
Renato Raffaele Martino est originaire de Salerne. Il est entré dans la diplomatie vaticane dès 1962, au Nicaragua, aux Philippines, au Canada, au Brésil. Il a ensuite été nommé pro-nonce en Thaïlande, Singapour,
Laos, Malaisie (le titre de pro-nonce était donné à des ambassadeurs du Saint-Siège auxquels
le pays vers lequel ils étaient envoyés n’accordait pas le rang de doyen du Corps diplomatique, traditionnellement reconnu aux nonces par les anciennes nations catholiques).
En 1986, Martino est nommé observateur permanent du Saint-Siège
à l’ONU, à New York. Il faut lui rendre honneur
pour le grand moment de sa carrière diplomatique : en 1994, lors de la conférence du Caire, il a réussi à s’opposer, grâce à l’appui des pays latino-américains et islamiques, à un groupe de
pays qui voulaient faire reconnaître un « droit international à l’IVG ». Lors de cette audacieuse alliance islamo-catholique contre la « culture de mort », il est puissamment
soutenu par le cardinal Poupard, président du Conseil pontifical pour la Culture, qui dénonce auprès de qui veut l’entendre, les groupes de pression maçonniques installés dans les organismes
internationaux. En récompense, Martino est nommé, en octobre 2002, Président du Conseil pontifical Justice et Paix et est créé cardinal lors du consistoire d’octobre de l’année
suivante.
Le 11 mars 2006, Benoît XVI lui confie également la présidence du Conseil pontifical pour la Pastorale des migrants et
des personnes en déplacement. Dans un entretien du 12 juin 2007, au National catholic
register, il demande aux catholiques de ne plus soutenir l’organisation Amnesty international, au nom de ses positions pro-avortement.
À la suite du sommet d’Annapolis, il avait fait valoir le droit de retour des réfugiés palestiniens, tout comme celui des réfugiés des autres
pays. Il va même jusqu’à déclarer, le 7 janvier 2008, alors que des massacres étaient perpétrés dans la bande de Gaza par l’armée israélienne,
que « les conditions de vie [dans la bande de Gaza] ressemblaient de plus en plus à celles d’un camp de concentration ».
Les positions diplomatiques du cardinal Martino, ouvert aux
hommes d’affaires du grand capital du continent américain, tout en maintenant la traditionnelle politique du Saint-Siège au Proche-Orient, font ainsi comprendre les faces diverses des positions
de Sodano et, plus généralement, celles de la ligne Wojtyla, dont les sodaniens (au premier rang desquels Marcial Maciel) ont été de très fidèles serviteurs : ils étaient farouchement
hostiles aux communautés de base et à la théologie de la libération, sans être inconditionnellement soumis à la ligne politique des puissances financières américaines qui les soutenaient par
leurs robustes relais et satellites d’Amérique latine.
Cela montre aussi le retournement relatif qu’a opéré l’élection
de Benoît XVI : bien plus sensibles que les wojtyliens à la moralité des moyens financiers et tout à fait hostiles aux compromissions douteuses, les ratzinguériens (Ruini, Bertone, etc.)
auront une révérence théorique plus marquée pour la patrie supposée de la « vraie » liberté religieuse.
(à
suivre)