Sandro Magister, vaticaniste bien connu, a récemment écrit un article fort intéressant (ici) sur la pratique du baptême en Argentine (comparée notamment avec ce qui se passe dans certains pays d’Europe). Voici quelques
passages importants:
“Dans certaines parties de l’Europe, baptiser un enfant est déjà un geste minoritaire dont l’accomplissement suppose une décision à contre-courant. Mais désormais, en Argentine aussi, de plus en
plus d’enfants, d’adolescents, de jeunes, d’adultes ne sont pas baptisés.
Cette baisse de la pratique du baptême résulte d’un affaiblissement des liens familiaux et d’un éloignement vis-à-vis de l’Eglise. Dans le clergé, certains en ont déduit que, là où l’on voit les
signes de la foi s’éteindre, il n’y a même pas lieu d’administrer les sacrements.
Au contraire, en Argentine, les autorités ecclésiastiques vont aujourd’hui dans le sens inverse.
Déjà en 2002 l’archevêché de Buenos Aires et les évêchés voisins avaient publié une instruction recommandant vivement de baptiser à la fois les enfants et les adultes et expliquant comment
surmonter les résistances à la célébration du rite.
Maintenant, les évêques de la région sont revenus à la charge avec une brochure intitulée “El bautismo en clave misionera”, qui reproduit l’instruction de 2002 et la complète par d’autres
indications pour guider les curés.
Depuis cette année, les curés les plus actifs annoncent donc périodiquement des “journées du baptême”, au cours desquelles ils administrent le sacrement à des enfants et à des adultes en situation
de pauvreté ou issus de familles divisées, qu’ils aident à surmonter leur méfiance et celle de leur entourage.”
Et de citer ce très beau témoignage du cardinal Bergoglio:
“L’enfant n’est aucunement responsable de l’état du mariage de ses parents. Le baptême des enfants peut même devenir pour leurs parents un nouveau départ. Il y a quelque temps, j’ai moi-même
baptisé les sept enfants d’une femme seule, une pauvre veuve qui fait des ménages. Elle les a eus de deux hommes différents. Je l’avais rencontrée à la fête de Saint Gaétan. Elle m’avait dit : mon
père, je suis en état de péché mortel, j’ai sept enfants et je ne les ai jamais fait baptiser, je n’ai pas d’argent pour les parrains et pour la fête… On s’est revus et, après une brève
catéchèse, je les ai baptisés à la chapelle de l’archevêché. Cette femme m’a dit : mon père, je ne peux pas y croire, vous me rendez importante. Je lui ai répondu : mais madame, je n’y suis pour
rien, c’est Jésus qui vous rend importante.”