Le Home-Schooling, ou école à la maison, est un choix qu’assument librement les parents catholiques à qui incombent d’être les premiers et principaux éducateurs de leurs enfants, un droit que rappelle fortement le décret de Vatican II sur l’éducation chrétienne Gravissimum Educationis.
Mais tous, dans l’Église, n’ont pas cette conviction, et certains émettent plus que des doutes de vraies critiques sur le Home-Schooling catholique, avec des arguments qui peuvent, à première vue, sembler recevables mais s’effondrent en y réfléchissant posément.
Dans un article écrit par Michelle Martin, paru dans la livraison datée du 5 juin de l’hebdomadaire Our Sunday Visitor, et intitulée « Les éducateurs à la maison parfois en délicatesse avec les diocèses », la journaliste rapporte un curieux événement, ou pour mieux dire non événement : le refus de l’évêque du diocèse d’Austin (Texas), Mgr Joe Vasquez, de célébrer une Messe demandée par les parents éduquant leurs enfants à la maison pour leur progéniture. Un refus troublant justifié par l’évêque disant que célébrer une Messe pour les écoliers à la maison enverrait un mauvais signal puisqu’il semblerait indiquer une équivalence ou une égalité entre l’école catholique diocésaine et l’école catholique à la maison, alors que « l’éducation dans les écoles catholiques est partie intégrante de la vie du diocèse d’Austin ». Il est admissible que l’évêque veuille défendre sa “boutique”, c’est-à-dire ses écoles diocésaines, mais 1°) l’éducation catholique des enfants ne s’opère pas que dans les écoles catholiques, et 2°) certaines écoles catholiques – je ne juge pas de celles d’Austin que je ne connais pas – ne transmettent pas une éducation catholique – nous en savons, sur ce sujet, autant sinon plus en France qu’aux États-Unis…
Mais le Home-Schooling connaît un adversaire encore plus déterminé, s’il se peut, que l’évêque d’Austin, et, paradoxalement, il s’agit d’un prêtre par ailleurs a priori très respectable puisqu’il est le directeur exécutif de la Catholic Education Foundation qui a pour mission d’œuvrer à l’affirmation de l’identité catholique des écoles labellisées catholiques aux États-Unis, une mission on ne peut plus valable. Toutefois, le P. Peter M. J. Stravinskas est devenu la “bête noire” de tous les Home-Schoolers catholiques…
Pour le P. Stravinskas, les jeunes catholiques ne devraient être éduqués que dans les seules écoles catholiques. Plusieurs raisons à cela, explique-t-il dans Our Sunday Visitor. D’abord parce que la transmission de la foi par le catéchisme serait, de l’aveu même des Pères de l’Église, réservée à l’Église et doit s’opérer dans l’Église. C’est la tâche du curé et non celle des parents. Quand existe une école catholique dépendant d’une paroisse et que les parents s’obstinent à éduquer leurs enfants à la maison, alors même qu’ils viennent à la Messe dans l’église de cette paroisse, leur comportement trahit une défiance dans la capacité de l’Église à éduquer leurs enfants et une forme subtile « d’anticléricalisme ». Une situation, estime-t-il, qui explique le tarissement des vocations sacerdotales et religieuses chez les jeunes éduqués à la maison. Des affirmations pour le moins surprenantes et contredites par d’autres prêtres tout aussi respectables.
Pour Monseigneur Ignacio Barreiro-Carambula, président par intérim de Human Life International et dont l’orthodoxie et la fidélité au Magistère sont bien connues de mes lecteurs, réagissant sur ces déclarations du P. Stravinskas dans Our Sunday Visitor, elles sont contestables.
Certes, dans un monde idéal où les écoles catholiques seraient fidèles à l’enseignement pérenne de l’Église, posséderaient un magnifique corps enseignant et seraient à l’écoute des souhaits des parents « qui sont les premiers éducateurs de leurs enfants », l’argumentation du P. Stravinskas serait recevable et les parents seraient d’ailleurs les premiers à la recevoir. Mais la situation réelle ne correspond pas à cet idéal dans de nombreuses écoles catholiques… C’est pourquoi l’Église, dans sa prudence, n’a jamais imposé que tous les jeunes catholiques soient éduqués dans les écoles catholiques. En outre, le droit des parents à choisir le type d’éducation qu’ils souhaitent pour leurs enfants, est garanti par le Code de droit canonique.
Monseigneur Barreiro-Carambula nie que le Home-Schooling catholique manifeste une défiance envers l’Église et signale connaître nombre de famille de ce type où bien des vocations sacerdotales et religieuses sont nées et ont été pieusement entretenues. Le prélat daube amicalement le P. Stravinskas sur la question de la satisfaction du devoir dominical, soulignant ainsi un autre aspect du problème : la manière désinvolte avec laquelle la Messe est célébrée dans bien des paroisses américaines… « En choisissant l’église où il entend se rendre, le fidèle agit en pleine conformité avec le canon 214 qui établit que le fidèle à le droit de suivre sa manière propre de vie spirituelle pourvu qu’elle soit en consonance avec les enseignements de l’Église ». Si un fidèle peut choisir sa paroisse ou son église pour des raisons convenables, admettons donc aussi qu’il a pareillement le droit de choisir où et comment éduquer ses enfants !
Ajoutons à tout cela d’autres remarques d’un prêtre et auteur respecté aux États-Unis, le P. James Farfaglia du diocèse de Corpus Christi (Texas) et qui rédige par ailleurs un excellent blogue (non fumeur, s’abstenir…).
Tout en se disant en désaccord avec l’attitude de Mgr Vasquez, et celle du P. Stravinskas qu’il n’est pas loin d’assimiler à de « l’arrogance cléricale », il souligne aussi un aspect des choses souvent oublié dans ces débats “académiques” sur le Home-Schooling : le coût souvent prohibitif de la scolarité dans les écoles catholiques. Le choix de l’éducation à la maison dans les familles nombreuses est aussi souvent dicté par des considérations économiques… Pour ne rien dire aussi de la distance à parcourir pour se rendre à l’école catholique selon le lieu de résidence de la famille. Ces considérations entrent aussi dans le choix des parents qui ne vivent pas dans l’idéal mais dans le réel.
Vous retrouverez ici toutes les positions évoquées plus haut dans un papier bien documenté du journaliste catholique Matt Abbott.
Je crois tout simplement qu’il s’agit de ces débats-perte-de-temps… Bien que la réflexion du président ad interim de HLI me semble juste, je crois qu’il n’est guère besoin d’aller chercher l’argument de la dichotomie monde réel/monde idéal. La position de l’évêque et de ce Stravinsky relève tout simplement d’une ecclésiologie tordue. Quand ils parlent de l’Eglise, à qui pensent-ils? Comment considérer que les écoles catholiques font partie intégrante de la vie du diocèse et pas les familles chrétiennes? Et puis l’argument de la défiance envers l’Église est une pétition de principe car il ne me semble pas, à la lecture de votre article, que les parents aient interdit à leurs enfants d’aller à la messe, ou aient interdit à l’évêque de venir célébrer chez eux. Le fait qu’ils lui aient envoyé une invitation est même signe de communion dans la diversité; occasion manquée au nom d’une communion-uniformisation… DOmmage!
Je préscise que non seulement les enfant vont à la Messe dans une paroisse diocésaine, mais les parents aussi !
je viens de changer de paroisse, et la nouvelle se situe justement au Texas ! si je fus heureusement surprise par le grand nombre de fideles assistant a la Messe, l’Eglise est pratiquement pleine a toutes les celebrations dominicales, la plupart des paroissiens communient et s’agenouillent !!! – et il y a une grande ferveur,
je fus quand meme surprise de voir – outre les ‘deacons’ – des paroisiennes, tous les dimanches, distribuer la Sainte Eucharistie (cf. Vatican-Redemptionis Sacramentum : ‘- 158 – En effet, le ministre extraordinaire de la sainte Communion ne peut donner la Communion que dans le cas où le prêtre ou le diacre font défaut, lorsque le prêtre est empêché à cause d’une maladie, du grand âge ou pour un autre motif sérieux, ou encore lorsque le nombre des fidèles qui s’approchent de la Communion est tellement important que cela risquerait de prolonger la célébration de la Messe d’une manière excessive.[259] À ce sujet, on considère néanmoins que le fait de prolonger brièvement la célébration, en tenant compte des habitudes et du contexte culturel du lieu, constitue une cause tout à fait insuffisante.’)
le cure, 40 ans env., de la paroisse est surement plein de bonnes intentions.. .
surprise moins agreable pour moi : la messe en latin du mardi matin, que j’esperais tellement, n’existe plus…. le cure etait un peu embarasse, mais n’a pu (?) expliquer la raison, etant en charge de la paroisse que depuis le mois d’octobre dernier
par contre, le mardi est consacre a l’Adoration du Saint Sacrement, toute la journee, et il y a du monde en permanence ; le rosaire est recite avant toutes les messes du matin, et il y a un Rosaire hebdomadaire de 40 min avant la messe du samedi ; priere ou chant a Marie en general en fin de messe, mais omission de la priere a St Michel Archange..
je connais une famille de 8 enfants ; la maman assure l’ecole a la maison ; ces parents y tiennent absolument d’abord car ils sont de sensibilite FSSPX, ensuite la maman travaille a mi-temps ; effectivement, emmener les enfants dans l’ecole de son choix, a proximite ou un peu trop eloignee, plus le cout des ecoles catholiques peuvent motiver ce choix
(il est assez frequent au moins dans cette partie du Texas que des eglises evangeliques aient leurs propres ecoles, contigues au ‘temple’.. c’est peut-etre culturel, il faudrait l’avis d’un vrai Texan)