Quelques jours après la prise de Fort Sumter en Caroline du Sud par les Confédérés, une action qui ne fit aucune victime, le 12 avril 1861, et qui marque le début officiel de la Guerre de Sécession, c’est à Baltimore (Maryland) que le sang coula pour la première fois lors de l’événement connu
dans l’histoire comme « L’Émeute de la rue Pratt » : c’était le 19 avril 1861, voici 150 ans jours pour jour. Le Sixième Régiment du Massachusetts remontait vers Washington D.C. quand il fut assailli à cou de pierres, de pavés et de bouteilles dans la rue Pratt par des habitants de Baltimore favorables à la Confédération. La troupe fit feu et on releva plusieurs morts des deux camps. Le premier sang avait coulé, et il coulera d’abondance jusqu’au dernier coup de feu qui fut tiré le 19 avril 1865 : 625 000 morts, plus de 410 000 blessés !
Dans son édition du 27 avril 1861, The Catholic Mirror, le journal de l’archidiocèse de Baltimore, se lamentait de la tragédie du 19 qui avait apporté « tristesse et indignation dans le cœur de tant d’habitants de Baltimore ». Pourtant, le mois précédent, le journal s’était clairement exprimé contre la sécession des États du sud, mais l’événement le fit changer de position et, dans son article du 27, il dénonça « les premiers fruits sanglants de la politique de contrainte malheureusement entreprise par nos actuels dirigeants » (de Washington). Tout en appelant au renforcement des forces armées du Maryland pour que les citoyens de l’État ne deviennent pas « les vassaux conquis des envahisseurs en guerre », le journal plaidait aussi pour la réconciliation : « Nous supplions humblement Dieu Tout-Puissant de daigner intervenir dans ce conflit fratricide et d’accorder quelque remède pacifique aux maux imminents » qui menaçaient le Maryland et tous les États-Unis. Dans les mois qui suivirent l’affaire de la « rue Pratt », le journal manifesta une sympathie croissante pour les Confédérés, défendant haut et fort le droit des États contre les conceptions étatiques de Washington.
Dans cette même livraison du 27 avril de The Catholic Mirror, on pouvait aussi lire un communiqué de Thomas Foley, secrétaire de l’archevêque Francis P. Kenrick, annonçant que le prélat ordonnait des prières pour la paix lors de toutes les Messes « au vu de l’état troublé du pays que les calamités de la guerre civile menacent » et qu’il « recommandait à toutes les communautés religieuses la récitation quotidienne des Litanies des Saints pour le même objet, et des prières ferventes à Dieu de tous les fidèles dont il avait la charge afin de diriger vers la paix les réflexions de nos dirigeants et de tous ceux qui sont revêtus d’une autorité ».
Les deux dirigeants de The Catholic Mirror, Michael J. Kelly et John B. Piet, furent arrêtés à deux reprises par les autorités nordistes pour leurs articles au caractère « de trahison » et mis en prison au Fort McHenry.
On aura en ce jour une pieuse intention de prière pour tous les fidèles défunts des deux camps morts au cours de la Guerre de Sécession dont bien des blessures ne sont toujours pas refermées aujourd’hui. Pour vous y aider, je vous invite à regarder cette petite vidéo-diaporama que j’ai trouvée sur le site de Rorate Cœli ainsi que la photo qui ouvre cet article et qui montre une Messe célébrée en plein air pour les catholiques Confédérés.
Puisqu’on parle des catholiques Confédérés, ayons une pensée pour le “18th Louisiana Infantry Regiment”, un régiment confédéré francophone, et les généraux confédérés Pierre Gustave Toutant Beauregard et Alfred Mouton.
http://en.wikipedia.org/wiki/P.G.T._Beauregard
http://en.wikipedia.org/wiki/Alfred_Mouton
Et du côté nordiste, pensons au Général John C. (Jean-Charles) Frémont. Le grand-père de John C. Frémont avait quitté le Canada après la Conquête anglaise pour s’installer en France et son père, royaliste, quitta la France pour les États-Unis dans les années qui suivirent la Révolution française.
http://en.wikipedia.org/wiki/John_C._Fremont
Et n’oublions pas les nombreux canadiens-français qui combattirent du côté nordiste.
http://asteuramerique.unblog.fr/2008/04/30/les-canadiens-francais-et-la-guerre-de-secession/