nécessaires par les fatigues accumulées (et pas seulement du fait de ce blogue…). Je vous propose donc une petite “série estivale” qui sera consacrée à des prêtres français missionnaires aux
États-Unis au XIXe siècle. C’est un sujet que j’ai beaucoup travaillé, mais c’est une tâche rendue très difficile par le très grand nombre de prêtres, de religieux et de religieuses
français, des centaines et des centaines, partis de chez eux, c’est-à-dire de chez nous, pour aller aider là-bas à édifier le catholicisme. Le livre que je caresse de leur consacrer depuis des
années risque bien de ne jamais paraître en raison de l’énormité du travail qu’il requiert. Mais j’ai déjà rédigé de nombreuses notices. Autant vous en faire profiter ! Dans cette série, je me
limiterai aux prêtres du XIXe siècle et aux personnalités les moins connues. Je vous souhaite une pieuse découverte de ces prêtres français aux États-Unis.
Abbé Antoine Deydier (1788-1864) : fondateur de l’Assumption Church d’Evansville (Indiana)
Né en France (peut-être en Alsace ou en Lorraine où ce patronyme est fréquent), en 1788, il entre au Séminaire de Saint-Sulpice où il suit vraisemblablement les
cours de l’abbé Simon Bruté de Rémur, futur évêque de Vincennes (Indiana) qui y enseignait la théologie depuis 1808. En tous les cas, c’est avec les abbés Bruté, Guy Chabrat,
Jacques Derigaud, Julien Romeuf et Mgr Benoît Flaget, le tout nouvel évêque de Bardstown (Kentucky) venu en France recruter prêtres et séminaristes, qu’il embarque à Bordeaux
pour les États-Unis le 10 juin 1810. Ordonné diacre en 1812, il refuse le sacerdoce et enseigne, pendant quatre ans, à Mount St. Mary’s à Emmitsburg (Maryland) où enseigne également l’abbé
Bruté. Passés ces quatre ans, on le retrouve à Albany (New York) comme précepteur. Mais, sans doute, les discussions qu’il a eues avec l’abbé Bruté à Mount St. Mary’s, lui
font reconsidérer son refus de la prêtrise puisque, le 25 mars 1837, il est ordonné prêtre par Mgr Bruté, premier ordinaire de Vincennes (depuis 1834), en la cathédrale St. Francis
Xavier de cette ville. Dès son ordination, cette vocation tardive, est envoyée, en novembre 1837, à Evansville (Indiana) où il va demeurer jusqu’en 1859, si l’on excepte une tournée qu’il
accomplit, en septembre 1838, afin de récolter de l’argent pour le diocèse, accompagner une jeune Ann (Nancy) Brown au noviciat des Sœurs de la Charité d’Emmitsburg,
et un ministère itinérant dans le comté de Gibson (Indiania) de 1838 à 1840. En 1838, il entreprend les travaux de construction de l’Assumption Church, la première église catholique
d’Evansville, allant même jusqu’à surveiller la fabrication des briques – et c’était aujourd’hui, en la Fête de l’Assomption, l’occasion de le signaler (la photo ci-dessous prise vers 1860 et
assez médiocre, de cette église est celle que l’abbé Deydier a fait construire : elle fut rasée en 1872).
Dans cette cité, son ministère consiste essentiellement à s’occuper des ouvriers qui s’affairent au Washbash and Erie Canal, un canal reliant les Grands Lacs à la rivière Ohio. Ses
conditions de vie à Evansville sont dès plus précaires à lire ce qu’en écrit sainte Mère Theodore Guérin, qui l’a bien connu : « Sa pauvreté était si extrême et sa misère si complète,
que je risquerais d’être accusée d’exagération en la décrivant ». Ce septuagénaire épuisé se retire à Vincennes en 1859 où il décède cinq ans plus tard. Evansville possède une Deydier
Place, baptisée ainsi en souvenir de ses vingt-et-une années de ministère dans cette ville.