Quand j’ai publié, le 26 mai dernier, mon commentaire sur la nomination par Obama du juge fédéral Sonia Sotomayor à la Cour Suprême des États-Unis pour remplacer David
Souter, je l’ai titré « Obama nomme une “catholique” pro avortement ». Cet article et son titre m’ont valu une avalanche de commentaires sur americatho (voir ici) et de demandes de précisions ou de questions par d’autres truchements. Je
tiens à apporter quelques précisions.
Sur le “catholique” placé entre guillemets d’abord.
Sonia Sotomayor a certes été élevée dans la religion catholique, ce qui, pour plusieurs lecteurs, laissait planer un doute sur ses convictions pro-avortement étant entendu que les
latinos seraient, selon une idée reçue, plus anti-avortement que d’autres groupes ethniques aux États-Unis. Mais c’est précisément une idée reçue. Des députés comme Nydia
Velazquez (New York), Linda Sanchez et Loretta Sanchez (Californie), le sénateur Bob Menendez (New Jersey), sont des latinos mais violemment pro-avortement !
Sonia Sotomayor, quant à elle, ne pratique pas : on ne la voit à l’église que pour des “actes sociaux” ou familiaux : baptêmes, mariages, obsèques… Mes guillemets n’étaient donc
pas abusifs.
Le qualificatif de « pro avortement » a suscité encore plus d’interrogations – voire de doute – chez mes correspondants, mais il en a également suscités chez certains pro vie américains.
Il était pourtant difficile d’imaginer qu’Obama nommerait un juge pro vie à la Cour Suprême ! Si ce personnage peut encore, chez certains confrères, inspirer un doute sur ses véritables
intentions, il y a longtemps que je n’en ai plus : et pour tout dire, je n’en ai jamais eus.
Mais, m’objecta-t-on Wikipedia – vous parlez d’une référence – signale qu’en 2002 elle opina dans l’affaire Center for Reproductive Law and Policy vs. Bush, en faveur de la
Mexico City Policy du Président qui prohibait le financement sur fonds fédéraux d’organismes procurant l’avortement à l’étranger – une disposition abrogée par Obama le 9 avril
dernier, si mes souvenirs sont bons. Or, la décision de Sotomayor ne se fondait pas sur sa conviction quant à la légalité ou à la moralité de l’avortement, mais sur une simple base de
procédure juridique.
On m’a également signalé l’article du New York Times du 28 mai titré « On Sotomayor, Some Abortion Rights Backers Are Uneasy » (des soutiens au droit à l’avortement ne sont pas
très à l’aise avec Sotomayor), laissant entendre que le lobby abortionniste éprouvait la crainte que Sotomayor ne soit pas l’idéologue pro-mort qu’il exigeait pour la Cour Suprême… Ce
n’était qu’une manœuvre de désinformation de ce quotidien du soutien à tous les mauvais combats, destiné précisément à affaiblir l’opposition à sa nomination. Je sais, c’est tordu, mais c’est la
politique…
Bon, pour ne pas faire trop longtemps durer le suspense, voici deux informations qui tranchent définitivement la question.
Sotomayor a passé les trois premiers jours de cette semaine à tenir conciliabules avec les sénateurs à Washington en prévision de son audition devant la commission des lois du Sénat qui
doit valider – ou non – le choix du Président.
Dianne Feinstein, sénateur démocrate pro-avortement de Californie, et membre de la commission des lois du Sénat, après avoir rencontré Sotomayor mardi, a déclaré à la presse qu’elle
était convaincue que Sotomayor maintiendrait Roe vs. Wade car elle « respecte ce précédent ».
Le lendemain, c’était au tour du sénateur démocrate et pro-avortement de l’Oregon, Ron Wyden, de rencontrer la “nominée”. Voici ce qu’il a déclaré à la presse : « J’ai été très
satisfait que le juge [Sotomayor] m’ait indiqué que par le passé elle avait toujours eu un énorme respect pour le précédent [Roe vs. Wade] et que pour elle Roe vs. Wade était une
loi définitive [established law] ».
Les choses sont-elles désormais assez claires ?