J’ai déjà traité sur ce blogue, et à plusieurs reprises, du projet de Loi sur la Liberté de Choix (Freedom of Choice Act, ou FOCA) que Barack Hussein Obama s’est
engagé, en juillet dernier devant Planned Parenthood, à signer sitôt qu’il serait voté par le Congrès. Une telle loi fédérale, si elle voyait le jour, aggraverait de manière radicale le
désastreux arrêt Roe vs. Wade de 1973 – de moins en moins soutenu aux
États-Unis –, en abolissant toutes les limitations légales à l’avortement que trente-cinq années de combat pro vie avaient réussi à imposer au législateur. Ce furent des victoires modestes,
certes, puisque Roe vs. Wade ne fut pas renversé au cours de cette période – et ne risque pas de l’être dans celle qui s’ouvrira le 20 janvier 2009… –, mais victoires tout de même et
dignes de toutes les actions de grâce, puisqu’elles contribuèrent à sauver la vie de plus de 100 000 enfants chaque année. Trois ou quatre millions d’Américains doivent l’existence à ce combat
acharné du mouvement pro vie aux États-Unis.
Les évêques américains, unanimes – le fait mérite d’être souligné – s’opposent frontalement et de manière déterminée au FOCA. Ils l’ont fait savoir de la manière la plus solennelle au nouveau président élu. Et ils viennent de prendre une très bonne initiative.
Au cours du week-end des 24 et 25 janvier prochain, les fidèles de toutes les paroisses de tous les diocèses américains sont invités à expédier aux sénateurs et députés de leurs États respectifs
des cartes postales les invitant à ne pas voter le FOCA si ce projet de loi venait dans leurs assemblées et à maintenir les modestes lois existantes qui limitent l’avortement.
Ce sera à coup sûr une opération de grande envergure – plus grande sans doute que l’opération semblable de 1993 – et qui se produira à quelques jours de la cérémonie d’Inauguration (20 janvier)
et des deux grandes Marches pour la Vie de Washington (22 janvier) et de San Francisco (24 janvier).
Un très bon argumentaire a été rédigé par Richard M. Doerflinger, directeur associé du secrétariat des activités pro vie de la Conférence des évêques américains, et mis sur le site
officiel de cette dernière le 12 décembre dernier sous le titre « C’est l’heure de se lever pour la Vie ».
En voici la traduction intégrale.
Lors de leur assemblée plénière de novembre 2008, les évêques catholiques des États-Unis ont félicité notre nouveau Président élu et ont préconisé aux Américains de s’unir solidairement dans
ce temps de crise économique, en nous rappelant que « nous sommes les gardiens de nos frères et de nos sœurs ». Ils ont également exprimé leur grave préoccupation devant la menace d’un projet pro
avortement qui pourrait diviser notre nation comme jamais auparavant.
Au cœur de ce programme se situe le projet extrémiste nommé Freedom of Choice Act (FOCA). En dépit de son intitulé, le FOCA priverait les Américains de leur liberté d’édicter à peu près toute
limitation à l’avortement pendant toute la période de la gestation. Il abolirait des centaines de lois actuellement en vigueur sur la clause de conscience, le consentement éclairé, la limitation
du financement public de l’avortement et l’implication des parents dans la décision des mineures à avorter. Le Président élu Obama a juré (et l’a récemment réaffirmé) de signer dès que possible
le décret d’application de cette loi sitôt votée.
Les évêques, unanimes, ont déclaré qu’ils mobiliseraient la communauté catholique pour contrer ce projet. Les catholiques – qu’ils aient voté contre M. Obama en raison de sa position sur
l’avortement, ou pour lui malgré cette position – peuvent s’unir dans une campagne massive et de base contre le FOCA, pour presser le Congrès à défendre toutes les lois fédérales existantes
interdisant au gouvernement de financer et de promouvoir l’avortement.
Certains pourraient considérer cette démarche comme inutile dès lors que les deux chambres du Congrès ont désormais des majorités pro avortement. Mais le cas était semblable en 1993, quand Bill
Clinton devint Président. Un ancêtre du FOCA progressait au Congrès quand des millions de cartes postales signées par des paroissiens catholiques atterrirent sur la Colline du Capitole et
obtinrent le recul de membres [du Congrès] devant ce projet pro avortement extrémiste. Le FOCA coula après que les législateurs eurent discuté de savoir s’il était vraiment désirable d’abolir des
lois de longue date, et ayant le soutien de l’opinion, destinées à mettre des limites à l’avortement. Les élections de 1994 modifièrent alors la composition du Congrès et la menace fut évitée
pour les années qui suivirent. La chose peut se reproduire.
Curieusement, certains pensent tout le contraire : une telle campagne est inutile puisque le FOCA (et peut-être même en général tous les projets pro avortement) sera mis en veilleuse pendant des
mois voire des années au profit des débats sur l’économie et les soins médicaux qui vont dominer au Congrès. Mais cela aussi est une erreur. Le FOCA, en tant que loi particulière, pourrait bien
ne pas arriver dans l’immédiat. Mais accroître les projets de lois de crédits destinés à financer les programmes fédéraux, sera une des premières tâches du Congrès en janvier, et les nouvelles
lois de financement pour la prochaine année fiscale seront rédigées au début du printemps. De nombreuses lois sur le financement par le contribuable, les clauses de conscience et sur d’autres
sujets n’existent que comme dispositions [particulières] dans ces lois et pourraient être éliminées d’un seul trait de plume du président de la commission des finances, ce qui paverait la voie à
l’assaut global du FOCA, si les Américains pro vie ne font pas entendre leur opposition dès que possible et avec clarté.
Au travers de cette campagne, les catholiques vont mener le combat contre un projet de loi particulier et contre l’ensemble du programme qu’il recèle et qui veut abattre les modestes lois qui ont
réduit le nombre des avortements et empêché un gouvernement sans contrôle de subventionner par voie autoritaire l’avortement depuis 35 ans. Il ne faut pas que ces lois soient balayées d’un coup
ou l’une après l’autre. Nous presserons le Congrès à ne pas s’engager sur cette pente glissante et destructrice, mais à servir la vie, la santé et la prospérité de tous les Américains à commencer
par les plus vulnérables. Ce but peut être atteint si des millions de catholiques veulent bien prendre une minute pour signer une carte postale et l’envoyer à leurs représentants élus.