évêques mexicains, et notamment celle de Mgr Marcelo Ebrard de Mexico, de refuser la sainte communion aux hommes politiques catholiques qui avaient voté la légalisation de
l’avortement puisqu’ils étaient excommuniés, ces évêques, précisant le pape, « se contentant de signaler au public ce qui était stipulé par la loi de l’Église ».
Que le P. Lombardi s.j., directeur de la Salle de Presse du Saint-Siège, ait cru devoir commenter que, par ses propos, le Souverain Pontife « n’excommuniait » personne, n’abusera
que ceux qui ne savent pas lire ou qui n’ont qu’une vague connaissance du Droit canon. Ce dernier est clair : « Qui procure un avortement, si l’effet s’en suit, encourt l’excommunication latæ
sententiæ », c’est-à-dire automatique sans qu’il soit besoin de la notifier (canon 1398). Par « procurer » il faut comprendre : pratiquer, assister, soutenir, financer, défendre, légiférer,
etc. On admet que celui qui finance ou encourage un assassinat, même s’il ne manipule pas directement l’arme qui va tuer, concourt au crime. Donc, les hommes politiques catholiques qui ont voté
des lois légalisant ou agravant l’avortement ou qui, sans les avoir votées, en soutiennent le bien-fondé ou le maintien sont excommuniés latæ sententiæ. Le canon 915 précise à leur
endroit : « Les excommuniés […] et ceux qui persistent dans un péché grave et manifeste, ne seront pas admis à la sainte communion ». C’est dire que dans le cas de politiciens catholiques connus,
localement au au niveau national, étant de ce fait des hommes publics, le prêtre non seulement peut mais doit leur refuser la communion tant que la peine d’excommunication n’a pas été levée à
leur endroit dans les conditions prescrites.
Tout cela est très clair et c’est donc un sujet de grand étonnement de lire que 18 députés démocrates “catholiques” [1] viennent, ce 14 mai, de signer une déclaration dénonçant les propos de
Benoît XVI en ce qu’ils « offensent la nature même de l’expérience américaine ». Leur interdire de recevoir la sainte communion serait, selon les signataires, « un grand
préjudice porté aux siècles de bon travail que l’Église a accompli ». Nos démocrates “catholiques” poursuivent : « Le fait est qu’une sanction religieuse portée contre l’ordre politique
entre directement en conflit avec nos croyances fondamentales quant au rôle et à la responsabilité des représentants démocratiques d’une Amérique pluraliste. Elle s’oppose aux libertés garanties
par notre constitution ». On aimerait savoir quelle liberté constitutionnelle fondamentale pourrait être violée par l’application du droit interne de l’Église qui ne s’applique qu’aux
baptisés catholiques ?
Si nos 18 députés “catholiques” entendent par là vouloir faire plier le droit de l’Église devant ce qu’ils estiment être des « libertés garanties » par la constitution américaine, ne serait-ce
pas plutôt une violation de la “séparation” constitutionnelle entre l’Église et l’État en Amérique ? La question mérite d’être creusée…
Le 110ème Congrès (Chambre des représentants et Sénat) comporte aujourd’hui plus de 150 catholiques, un nombre record, sur 535 membres, soit près de 29 % des deux assemblées (un
pourcentage plus importants que celui des catholiques : 23 % de la population).
Si seulement ces législateurs étaient vraiment catholiques, il est facile d’imaginer le bien qu’ils feraient à cette grande nation. Mais, visiblement, ils ne le sont pas tous.
[1] Dans l’ordre alphabétique : Rosa DeLauro, Joe Baca, Joe Courtney (fort mal élu parce qu’il ne l’a emporté – après recompte – que de 83 voix
sur son concurrent républicain, sur plus de 242 000 votants), Anna Eshoo, Maurice Hinchey, Patrick Kennedy (le fils de Ted,
alternant désintoxications et dépressions nerveuses), James Langevin, John Larson, Carolyn McCarthy, Betty McCollum,
Jim Moran, Bill Pascrell, Tim Ryan, Linda Sanchez, José Serrano, Hilda Solis et Mike
Thompson. À noter que ces deux derniers s’étaient déjà illustrés en signant le 10 mai 2004, avec 45 autres députés, une « déclaration de principes » (www.catholicculture.org/docs/doc_view.cfm?recnum=6016) adressée au cardinal Theodore McCarrick, archevêque de
Washington, pour le dissuader de refuser la sainte communion aux députés pro-avortement, au motif qu’en matière d’avortement ils préféraient suivre leur conscience plutôt que les enseignements de
l’Église, ce qui n’est ni plus ni moins qu’une attitude schismatique (voyez le canon 751). Signalons, en passant, que la déclaration de ce 14 mai n’a rassemblé que 18 signataires démocrates
contre 45 trois ans plus tôt…