On ne peut pas dire que les laïcistes fassent preuve d’originalité dans leur lutte pour éradiquer les symboles religieux chrétiens. Si de notre côté de l’Atlantique la Cour européenne des droits de l’homme vient de rejeter la demande d’interdiction du crucifix dans les écoles publiques, l’Italie reconnaissant de son côté, quasiment dans le même temps, la parfaite légitimité de sa présence dans les tribunaux de la République, une affaire très semblable a trouvé une non moins heureuse issue au Pérou, le 22 mars dernier.
L’avocat péruvien Jorge Manuel Linares Bustamante avait demandé que l’on retirât des cours et tribunaux judiciaires les crucifix et Bibles qui s’y trouvent systématiquement. Le Tribunal constitutionnel – la plus haute juridiction péruvienne – a rejeté sa demande, estimant que cette présence de la Croix et de la Bible ne violaient nullement la Constitution laïque de l’Etat ni la liberté religieuse des personnes.
L’un des juges du Tribunal, Gérardo Eto Cruz (le bien nommé !) a expliqué la teneur de la sentence à ACIPrensa : crucifix et Bible sont présents « historiquement et traditionnellement dans la sphère publique, comme dans les bureaux et les tribunaux du pouvoir judiciaire », ce qui « n’affecte pas le principe de laïcité. »
« Notre Etat est a-confessionnel et la laïcité y est la règle, mais la Constitution elle-même a établi en son article 50 que dans le cadre de ce régime d’indépendance de l’Etat par rapport à l’Eglise, lEglise fait véritablement partie du patrimoine historique, culturel et moral du Pérou et c’est pourquoi elle lui prête sa collaboration », a déclaré le juge. « Historiquement, personne qui soit sain d’esprit ne peut nier la présence de l’Espagne en Amérique latine, l’Espagne qui est venue avec la langue et la patrimoine religieux. Cela fait partie de notre formation culturelle. »
Le juge a souligné que la décision péruvienne est très similaire à l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme du 18 mars dernier.