Un lecteur vous avait reproché d’avoir commis une erreur de fait assez fondamentale dans la dépêche intitulée “Un prêtre catholique marié à une religieuse”. Il se serait agi seulement d’une tertiaire et non d’une religieuse. Le temps m’avait manqué jusqu’ici pour réunir les éléments dont je disposais pour lui répondre, mais je suis heureux de le faire à présent, d’autant qu’au-delà du cas particulier visé, la question de l’infinie (ou presque) variété des statuts canoniques mérite qu’on s’y attarde.
La page web indiquée par le lecteur mentionne bien que la personne concernée est tertiaire carmélite, mais les choses sont plus complexes. On voit tout d’abord qu’Eldetraut Klueting est entrée en 2004 au noviciat. Ce qui n’est pas vraiment dans les habitudes des mères de familles tertiaires… En 2005, Eldetraut Klueting fait profession comme tertiaire. Une soeur professe, ce n’est pas non plus dans les habitudes des dames laïques qui s’associent à un ordre en devenant tertiaire! Cette personne est donc bien une religieuse. C’est quelqu’un qui a fait profession après avoir fait une année de noviciat, elle porte un voile et vit dans un couvent. Elle est donc bien ce qu’on appelle une religieuse.
En matière de tertiaires, il faut savoir qu’il existe des tertiaires séculières (ce que visait manifestement notre lecteur) et des tertiaires régulières. Ces dernières ne sont pas des moniales mais, en fin de compte, peu de religieuses sont moniales. Les tertiaires régulières sont bel et bien ce que tout le monde appelle “des religieuses”: des femmes qui ne vivent pas dans le siècle mais dans des couvents, qui font profession et qui portent l’habit religieux. Cette situation est celle de très nombreuses congrégations de religieuses. Par ailleurs, même dans les congrégations de moniales, il existe des tertiaires régulières conventuelles. C’est manifestement de cela qu’il s’agit ici dans le cas d’Eldetraut Klueting…
Je m’en doutais. Mais vous avez fort bien éclairci la situation canonique. De toutes façons il est certain que si deux époux font profession de foi religieuse, ils peuvent entrer dans les ordres. Le mari peut être ordonné prêtre.
Il y avait un cas célèbre de ce genre, du temps de Pie XII, bien avant le Concile. J’ai oublié les noms.