Comme promis, je vous propose de commencer notre revue des trois nouveaux évêques nommés comme auxiliaires de Mgr Léonard.
Comme évêque auxiliaire pour le vicariat du Brabant wallon, le pape a nommé le chanoine Jean-Luc Hudsyn. Né à Bruxelles en 1947, l’abbé Hudsyn était jusqu’ici vicaire épiscopal pour le Brabant wallon. Il reçoit donc des compétences supérieures, pour le même territoire. Cette formule présente l’avantage que le nouvel évêque est familier de son terrain et de ses ouailles mais elle est aussi une recette idéale pour que rien ne change. Or, ce n’est un secret pour personne, l’Eglise de Belgique a impérativement besoin d’oxygène (s’il est encore temps de la ranimer).
Etant donné que les “promotions verticales” (où un subordonné succède à son supérieur direct) sont très rares, on s’attendrait à voir cette pratique exceptionnelle justifiée par un avantage incontestable. Au contraire, cette nomination laisse un goût de déjà-vu. Comme vicaire général pour le Brabant wallon, le chanoine Hudsyn était le bras droit de Mgr Vancottem – lui-même progressiste radical quand il fut nommé premier évêque auxiliaire du cardinal Danneels (1982). Avec la nomination qui vient d’être annoncée, on peut donc dire: “On prend les mêmes et on recommence”. Il est impressionnant de voir comment la même nomenklatura se reproduit en milieu fermé depuis près de 50 ans. Fait révélateur parmi bien d’autres, le nouvel évêque siège au conseil d’administration d’RCF Belgique en bonne compagnie: aux côtés de l’abbé Mawet, du chanoine Cosijns (voir ici et là) et bien entendu du “big boss”, le P. Scholtès (voir ici et là). Un touchant Danneels Fan Club!
(à suivre)
Toutes ces promotions à l’épiscopat me laissent songeur. Vatican II a « redécouvert » la sacramentalité de l’épiscopat. Un des éléments essentiels de cette collégialité est l’unité entre l’évêque et son diocèse, parfois assimilée par certains à un mariage.
Or, depuis de concile, nous assistons à une prolifération des ordinations épiscopales à de nombreux niveaux. Autrefois, des cardinaux préfets de dicastère sont nécessairement évêques. Les secrétaires de congrégation eux-mêmes sont au moins « archevêque in partibus ». On a assisté, il y a quelques années, à deux inepties à ce niveau : un prêtre âgé, en Flandre, ancien condisciple de Jean-Paul II, a été créé cardinal par ce dernier. On aurait pu se contenter de lui donner le titre, en tant que cardinal-prêtre, comme ce fut le cas pour le théologien Henri de Lubac. Eh bien non, j’ai appris qu’on l’avait consacré « dans l’intimité » dans la chapelle de l’évêché de Gand. L’autre ineptie est que Piero Marini, maître des cérémonies liturgiques pontificales, est devenu lui aussi évêque. Et l’on assistait à des messes où le cérémoniaire portait la mozette d’évêque, la calotte et la croix pectorale…
Dans le cas de Malines-Bruxelles, ont peut se poser légitimement la question que, je le sais, des groupes de réflexion bruxellois se sont posés : est-il bien nécessaire que ces messieurs soient évêques ? On mélange ici ordre et juridiction. Ils pourraient être simplement nommés vicaire général, avec tous les pouvoirs de juridiction de l’évêque, et ainsi véritablement « gouverner » leur région. Que leur ajoute l’épiscopat ? Autrefois, un évêque auxiliaire était, en grande partie, celui qui aidait l’évêque diocésain pour les confirmations. Or, à présent, on délègue le moindre prêtre pour confirmer.
On va donc de entendre des prêtres qui réfléchissent peu mentionner dans la prière eucharistique : « Nos évêques André et Jean-Luc, nos évêques André et Jean, onze bischoppen André en Leo… ». On avait autrefois l’aigle à deux têtes, on a aujourd’hui les diocèses à 4 mitres.
Corrections et omission : Veuillez lire :
Autrefois, des cardinaux préfets de dicastère pouvaient rester prêtre, aujourd’hui, il deviennent nécessairement évêque.
Cher Monsieur de Vacquerie, sur ce point, je suis bien d’accord avec vous : la mode des évêques “auxiliaires” devrait cesser. Mais puisque Rome décide d’en élire encore, autant qu’ils soient bien! Comme je l’ai déjà dit sur ce blog, je me réjouis pour ma part de ces nominations. Je connais en particulier Mgr Hudsyn qui est un homme humble, discret, compétent, et je ne comprends pas les réserves émises ci-dessus…
Pour une fois, M. l’abbé, nous sommes d’accord. Je me demande seulement si c’est Rome qui décide cela. Rome a seulement accédé au désir de Mgr Léonard de continuer avec la méthode de son prédécesseur.
Kyrie eleison!
M. de Vacquerie, votre réflexion est très pertinente. Vini Ganimara avait fait une analyse en ce sens ici (derniers paragraphes): http://www.osservatore-vaticano.org/episcopats-locaux/lanominationdemgrdekeselabruges3
Christe eleison!
Kyrie Eleison…