Ce n’est certes pas exactement ce que dit Dilma Rousseff, candidate du Parti des travailleurs aux présidentielles pour succéder à Lula da Silva qui ne se représente pas. Elle affirme même qu’elle est contre l’avortement. Mais au cours d’un débat sur internet elle a reconnu qu’elle était favorable à sa légalisation pour qu’il soit disponible pour les femmes pauvres « qui y ont recours par désespoir ».
Elle a ajouté – reprenant de fait les campagnes des organisations féministes très actives au Brésil – que c’était une question de « santé publique » pour éviter les avortements clandestins et les auto-avortements très dangereux pratiqués par les femmes pauvres. « Je ne crois pas qu’il existe une seule femme qui soit favorable à l’avortement », a-t-elle ajouté. « Il y a des situations où les femmes y ont recours en désespoir de cause. » Et en ce cas, précisa-t-elle, il faut protéger à la fois la femme et l’enfant. L’enfant ? Non, pas celui qu’elle porte en son sein, mais celui (ou ceux) qu’elle a peut-être déjà, qui doit être protégé de la mort de sa mère lorsque celle-ci avorte !
Dilma Rousseff était interpellée par un internaute qui lui rappelait une déclaration de 2007 où elle se disait favorable à la légalisation.
Question gênante pour le pouvoir au Brésil, où l’Eglise catholique est capable de mobiliser les électeurs sur le thème du respect de la vie : on l’a vu avec la valse-hésitation de Lula à propos de l’inscription de l’avortement dans le plan des droits humains, plusieurs fois commenté dans ce blog. A tel point que des groupes ou des sites d’info pro-vie ont cru le président travailliste plutôt recommandable sur ce plan.
La réponse de sa dauphine, Dilma Rousseff, révèle ce même rapport de forces où les partisans de l’avortement légal – quelle que soit par ailleurs leur position personnelle affichée – n’hésitent pas à tenir un langage apparemment ambigu, et en réalité profondément méprisant pour la détresse des pauvres.
Quoi ? Ce serait donc la seule manière de venir en aide aux femmes pauvres confrontées à une grossesse difficile que de leur fournir la « solution finale » – la mise à mort de leur enfant, alors même « qu’aucune femme n’est favorable à l’avortement » ? Les femmes « riches » n’avortent-elles jamais ? S’agit-il d’éliminer en priorité les enfants des couches défavorisées de la société – une façon comme une autre de régler le problème des favelas et des inégalités sociales ?
L’hyprocrisie de ces choix politiques n’est vraiment pas soutenable. Surtout quand leurs défenseurs prétendent agir pour « protéger » les enfants…