Evoquant la figure de sainte Catheriune de Bologne, lors de sa catéchèse d’hier, Benoît XVI a déclaré:
“Et je voudrais souligner un autre aspect, celui de sa grande humilité : c’est une personne qui ne veut pas être quelqu’un ou quelque chose ; elle ne veut pas apparaître ; elle ne veut pas gouverner. Elle veut servir, faire la volonté de Dieu, être au service des autres. […] C’est précisément pour cela que Catherine était crédible dans son autorité, parce que l’on pouvait voir que pour elle l’autorité était précisément de servir les autres.”
Naturellement, on comprend bien ce que cela signifie: sainte Catherine avait évidemment une conception chrétienne de l’autorité comme service (“Le plus grand parmi vous sera votre serviteur” a dit Notre-Seigneur). Cependant, cette présentation laisse entendre que la conception “naturelle” de l’autorité est précisément celle qui n’est pas chrétienne, celle où le gouvernant ne vise le pouvoir que pour lui-même. Au contraire, il me semble que, même en régime païen, l’autorité est un service. Que la pratique soit difficile, du fait du péché originel et de notre égoïsme, c’est évident, mais cette pratique défectueuse n’abolit pas le principe.
“Service” est bien le maître mot en la matière!On retrouve cette acception de l’autorité-service dans toute la tradition chrétienne occidentale…et royaliste.
Saint Jeanne d’Arc arborait un étandard portant en devise “Messire Dieu, premier servi”…Le roi, lieutenant de Dieu en terre de France, était selon la formule consacrée “au service de son peuple”…
Ainsi l’autorité chrétienne était historiquement un devoir librement assumé par chacun pour concourir au bien commun pour lequel l’exercice de l’autorité était dévolu…
Nous voyons combien la “morale républicaine” est aux antipodes de cela où le devoir d’autorité est devenu “droit” et où la manipulation électorale fait office de légitimité…Surtout quand les suffrages exprimés représentent moins de 50% des électeurs!
Cher Monsieur,
le problème que vous soulevez est intéressant en ce qu’il exprime l’ambiguïté souvent rencontrée sur la notion de “nature”, par exemple présente dans le concept de “loi naturelle”. Si la “nature” dont il est question est celle qui nous entoure et à laquelle nous appartenons, alors en effet, elle est dangereuse : c’est la loi de la jungle et des rapaces et l’homme qui s’y laisse aller n’est pas le moindre là-dedans (au contraire, il est sans doute plus “raffiné” que toutes les espèces animales dans ses accès de cruauté). En revanche, si l’on entend par “nature” un concept construit, qui englobe et encourage une certaine idée de la dignité humaine, alors la “loi naturelle” mérite d’être défendue partout et toujours – elle rejoint, ainsi, la “culture” et ne s’y oppose pas du tout.
Le “pouvoir” naturel, tel celui des bêtes qui s’entredéchirent pour prendre la tête de la meute, est à contrer en humanité par la “loi naturelle” de l’autorité telle que Dieu lui-même et la raison la demandent, la réclament même, pour que l’humanité s’accomplisse.