La loi de fin de vie actuellement en discussion en Espagne a provoqué une ferme mise en garde de la part des évêques de la Conférence épiscopale de ce pays qui y voit la possibilité d’une légalisation masquée de pratiques euthanasiques. Cette déclaration a été faite à l’issue de la réunion de la Commission permanente alors même que le texte n’a pas été voté, anticipant la publication, prévue lundi, d’une déclaration formelle qui doit qualifier la loi de fin de vie de « grave régression ».
Le projet du gouvernement Zapatero n’approuve pas directement l’euthanasie, et les évêques soulignent la louable intention du projet. Mais ils précisent qu’en véhiculant « une conception de l’autonomie de la personne comme quasi absolue », avec « le poids donné à une telle autonomie dans le développement de la loi », on finit par « rendre inopérante l’intention déclarée et par dépasser la limite annoncée, qui était de ne pas donner droit de cité à l’euthanasie ».
La logique du texte, avertissent-ils, aboutit à faire accepter l’idée que certaines vies ne sont pas « dignes » d’être vécues ni protégées puisque, dans certains cas, le patient lui-même mais aussi un proche ou un tiers peut être amené à l’affirmer.
Le texte « laisse la porte ouverte à certaines omissions volontaires qui peuvent causer la mort, ou qui visent directement à l’accélérer » : une sédation inappropriée, l’abandon thérapeutique ou l’omission que constitue le retrait de certains soins dus.
Il faut souligner que la loi Leonetti de 2005 – loi française de fin de vie – se situe exactement dans cette logique. Sans avoir pour autant provoqué une réaction concertée de l’épiscopat français, même si certains évêques avaient fini par protester…
Les évêques espagnols s’inquiètent également de l’absence de reconnaissance à un droit à l’objection de conscience du personnel sanitaire.
Ils proposent enfin un modèle de « testament de vie » conforme à la doctrine catholique.