Sur son site, La Revue Item, la tradition sans peur, l’abbé Paul Aulagnier répond longuement à un article de l’abbé Régis de Cacqueray, supérieur du district de France de la Fraternité Saint-Pie X, paru dans la revue Fideliter puis sur le site de La Porte latine.
L’article de l’abbé de Caqueray s’intitule « Pourquoi ne pas cesser le combat ». Il justifie la position actuelle de la Fraternité Saint-Pie X en ce qui concerne un accord avec Rome. Après avoir admis dans une certaine mesure les arguments avancés par ceux qui en dehors de la Fraternité Saint-Pie X s’interroge sur son refus actuel des accords avec Rome – à savoir « nous ne sommes plus dans les années 70 » ; « la messe a été restaurée dans ses droits » et « les excommunications ont été levées », l’abbé Régis de Cacqueray affirme que si le verre est à moitié plein, pour reprendre son expression, il est aussi à moitié vide. De cet état de fait, il conclut :
la crise de l’Église est fort loin d’être terminée. La reconnaissance officielle des erreurs prendra encore du temps. En priant pour que Dieu vienne sauver son Église (sans jamais prétendre que c’est nous qui, par nos propres forces, pourrions le faire), continuons donc fidèlement à faire ce que la Providence, dans sa miséricorde, nous a appelés à faire : témoigner envers et contre tout de la Tradition de l’Église.
L’abbé Paul Aulagnier, de son côté, entend répondre à l’abbé de Cacqueray, non en niant ce que celui-ci affirme, mais en estimant que cette situation n’empêche nullement de vouloir des accords avec Rome et que c’est même là ce qu’aurait souhaité et ce qu’a toujours essayé de faire Mgr Lefebvre. On l’aura compris, le lien entre les deux hommes se trouvent dans la personne de Mgr Lefebvre, fondateur de la Fraternité Saint-Pie X. L’abbé de Cacqueray ne pense pas être infidèle à celui-ci quant il développe une argumentation allant dans le sens d’une refus actuel des accords. L’abbé Aulagnier conclut dans un autre sens. Voici d’ailleurs un extrait du dernier point examiné par ses soins :
Enfin pour nous convaincre de la justesse de sa position, – je pense qu’elle représente celle des autorités de la FSSPX – il nous assène comme le coup de grâce, la réunion d’Assise III, la convocation des toutes les religions à Assise pour commémorer dans « l’esprit d’Assise », l’acte commis par JP II, le 27 octobre 1986. Vous le voyez, la crise de l’Eglise n’est pas finie et « Si nous étions menacés de l’oublier, le coup de tonnerre du funeste projet « Assise III » serait là pour nous le rappeler. Sans doute, cette annonce nous a tous surpris : il était de notoriété publique que le cardinal Ratzinger n’avait guère apprécié l’initiative de Jean-Paul II en 1986. Pourtant, cette annonce, si elle est quelque peu inattendue, n’est en rien illogique. Car les principes qui fondent la démarche d’Assise sont ceux de Vatican II, coeur de la pensée de Benoît XVI. Si le cardinal a été réticent dans le passé, c’est peut-être sur la forme, pas pour le fond : Benoît XVI, il l’a dit et redit, veut promouvoir le dialogue interreligieux, et « Assise III » en sera une des étapes ». M l’abbé de Cacqueray, vous dis-je, en conclut qu’il faut suivre la bonne ligne de « toujours », ne pas changer de cap. Mgr Lefebvre ne concluait pas ainsi. Assise I venait d’avoir lieu. Cet acte l’a scandalisé. Il voyait le pape humilié dans sa fonction de « Vicaire du Christ ». De là il décida de procéder aux sacres épiscopales, il voulait sauver et la messe et le sacerdoce catholique. Sans lui, nous n’aurions plus le libre usage de la messe tridentine. Sans sa résistance opiniâtre, nous n’aurions même pas eu la joie du Motu Proprio de BenoÎt XVI…Et pourtant, il souhaitait la visite apostolique de Rome, la seconde, il l’eut. Il en profita pour remettre au cardinal Gagnon sa « lettrre-solution » au problème de la FSSPX dans l’Eglise ; Et pourtant le phénomène d’Assise n’avait guère plus qu’un an. Il était encore dans tous les esprits.
On lire le texte de l’abbé de Cacqueray ICI
On lira la réponse de l’abbé Aulagnier LÀ
je ne suis qu’un simple laïc catholique qui a d’abord besoin de vérité. A quoi me sert-il de faire partie d’une église où se mêlent pêlemêle la vérité et les innombrables erreurs modernistes? Comment peut-on encore appeler ce conglomérat “catholique”? L’abbé Aulagnier me fait pitié: même si sa foi est encore catholique, il se veut DANS une église certes hiérarchique, mais dont la hiérarchie fait tout pour me faire perdre ma foi: j’espère qu’il ne perdra pas la sienne, mais vu sa polémique, je me demande si ce n’est pas déjà fait, puisque seul lui importe d’être en communion avec une hiérarchie qui ne l’est pas avec lui! S’en rend-il compte?
Ce qui me frappe, c’est que ces deux abbés disputent (latino sensu) sur la fidélité à l’action de Mgr Lefebvre. J’ai du respect pour cet évêque, que j’ai connu personnellement, mais la question doit-elle vraiment être celle-là? La réponse ne doit-elle pas plutôt se centrer sur l’Eglise? On peut toujouts ergoter sur ce qu’aurait fait Mgr Lefebvre aurait fait dans la situation actuelle. Et il aurait peut-être fait des erreurs, personne n’étant infaillible. Ce n’est pas sa personne qui importe, c’est ce qu’il convient de faire, maintenant, sous Benoît XVI, pour assurer au mieux le bien de l’Eglise. La perspective du débat de ces deux abbés me semble donc faussée.