La revue médicale britannique The Lancet se fait l’écho ce samedi de la première étude jamais réalisée à l’échelle mondiale sur la santé sexuelle et génésique – c’est-à-dire relative à la reproduction – sous la férule de l’OMS. Celle-ci fait état d’une situation dégradée, puisqu’elle dénonce l’augmentation du nombre, déjà élevé, d’incapacités et de décès prématurés imputables à des problèmes de santé sexuelle. Sont notamment mis en cause la diminution de l’aide financière, les ingérences politiques accrues et la réticence générale à faire face aux menaces qui pèsent sur la santé sexuelle et génésique.
Pour renforcer l’impact de cette étude, l’OMS donne quelques chiffres mondiaux. Les rapports sexuels à risque sont la deuxième cause de maladie et de décès dans les pays en développement et la neuvième dans les pays développés. Quelque 120 millions de couples à travers la planète ne peuvent toujours pas se procurer les moyens contraceptifs qu’ils souhaiteraient utiliser ou dont ils auraient besoin.
Le chargé de communication de l’OMS précise dans un communiqué : « Chaque année, on compte environ 80 millions de grossesses non désirées, dont 45 millions sont interrompues. Selon les chiffres de l’OMS cités dans l’enquête, 19 millions d’avortements non médicalisés sont pratiqués chaque année, lesquels se soldent par quelque 68 000 décès et des millions d’atteintes à la santé et d’incapacités permanentes. »
Il faudrait tout commenter. Mais vous avez bien lu : ces 19 millions d’avortements-là ne provoquent que 68 000 décès. Alors que, en réalité, ils en provoquent 19 068 000 ! Devant cette situation effroyable – qui oserait dire le contraire ? – l’OMS entend pousser un cri d’alarme. Mais on voit bien dans quel sens : préservatif, légalisation de l’avortement – pardon ! de l’IVG…
Rien de très nouveau, direz-vous ? En un certain sens, non. Sauf que, d’une part, c’est la première fois qu’une étude est effectuée à ce niveau mondial par un organisme comme l’OMS. Et, d’autre part, que ses responsables ne se cachent pas pour accuser le Vatican et les Etats-Unis d’être les responsables de ce fléau.
Ainsi le professeur Anna Glasier, auteur principal du rapport, et militante des Plannings familiaux à travers le monde, accuse précisément, souligne l’Association de la presse anglaise, le poids croissant, sur ces questions, de pays conservateurs comme les Etats-Unis et le Vatican.
Et le Dr Richard Horton, rédacteur en chef du Lancet, écrit – plus précisément encore s’il est possible : « Pour des raisons largement politiques, les Etats-Unis ont bloqué des programmes pour sauver la vie des femmes de grossesses non désirées. Pour des raisons doctrinales, l’Eglise catholique a rejeté des techniques faciles et efficaces qui auraient eu un impact important non seulement sur les taux de fécondité, mais aussi sur les taux de développement humain. »
Mais l’OMS tait soigneusement l’exemple de pays comme l’Ouganda où le respect de la morale chrétienne a permis de faire chuter, plus drastiquement encore, les chiffres effroyables qu’elle cite.
La raison de ce silence ? Une idéologie dont l’expansion légale à travers le monde est telle qu’elle voudrait faire condamner la morale, et que Jean-Paul II a justement nommée : la culture de mort.
Olivier Figueras
Source : cet article a paru dans le quotidien Présent daté du samedi 4 novembre. Reproduit ici avec l’aimable autorisation de l’auteur.