Dans un éditorial publié sur le site internet des Missionnaires de la Miséricorde (Décembre 2025), l’abbé Jean-Raphäel Dubrule, MMD, évoque le nouveau pontificat et le nécessaire dialogue :
L a question liturgique est sans doute une des plus passionnées dans l’Église ces dernières années, peut-être parce qu’elle touche à la relation intime de l’homme à Dieu. Après le pontificat de Benoit XVI qui avait voulu une coexistence entre le vetus et le novus ordo, puis celui du pape François qui a été extrêmement restrictif dans l’utilisation du vetus ordo, tous se demandent quelle sera la position du pape Léon XIV.
Il semble qu’il veuille écouter les personnes attachées à la forme ancienne, signe d’une volonté de dialogue. On peut déterminer deux qualités indispensables pour un dialogue fructueux.
La première est l’humilité. Il n’existe aucune célébration liturgique terrestre parfaite. Seule la liturgie céleste, qui se célèbre déjà au ciel et à laquelle la liturgie terrestre nous fait participer (cf. CEC 1090) est la prière parfaite. Le cardinal Journet écrivait : « Le mystère de la messe est au-dessus de ses expressions liturgiques. Si légitimes et nécessaires soient-elles, elles lui demeurent par nature inadéquates » (C. Journet, La messe, DDB, Paris, 1957, p. 317).
N’importe quelle forme liturgique est donc incomplète en elle-même et perfectible. Ceux qui sont attachés à l’ancien rite de la messe doivent reconnaître que ce n’est pas l’expression parfaite du mystère. Et les tenants de la réforme liturgique doivent de même accepter que le missel réformé ait aussi des imperfections. Accepter cela de part et d’autre permettra de sortir d’un dialogue qui tourne souvent à une opposition pour s’imposer.
La seconde qualité est l’écoute sans condition. Souvent, le dialogue liturgique est conditionné par des exigences préalables : bi-ritualisme ou libéralisation totale de l’ancien rite par exemple. Ne peut-on pas tout simplement exprimer de part et d’autre les raisons de cet attachement, en s’appuyant sur la richesse de tel ou tel signe qui exprime de manière profonde le mystère célébré ?
Ce dialogue est certes délicat et long à mettre en place, mais il est possible si on se laisse guider par l’Esprit-Saint. Il peut être la base d’un véritable enrichissement mutuel, qui n’est possible que si chacun a l’humilité de penser que le rite auquel il est attaché peut être enrichi et la sagesse d’écouter les richesses de l’autre rite. N’est-ce pas là finalement ce que l’on appelle conversation dans l’Esprit ?
Abbé Jean-Raphaël Dubrule +
