Cette affaire devait rester confidentielle et a fait l’objet d’une note diffusée uniquement aux évêques. Mais évidemment cela a fuité sur les réseaux sociaux et par conséquent l’organe officiel de la CEF se sent obligé d’en parler… La cellule de lutte contre les dérives sectaires de l’épiscopat appelle les évêques à la « vigilance » et à la « prudence » au sujet du père James Manjackal, un prêtre indien appartenant à la congrégation des Missionnaires de Saint-François-de-Sales dans la province occidentale du sud de l’Inde et qui vient régulièrement prêcher en France.
Le père James Manjackal, né au Kerala en 1945, a été ordonné prêtre en 1973. Après avoir été professeur de théologie, il devient dans les années 1980 un pionnier du mouvement charismatique dans cet État du sud de l’Inde. Depuis, il consacre l’essentiel de son temps à prêcher des retraites d’évangélisation et d’intercession pour la guérison.
Plusieurs de ses enseignements expliquent l’appel à la prudence de la cellule Emprise et dérives sectaires de la CEF, alors que le prêtre indien se rend en France deux fois par an pour des sessions d’évangélisation et d’intercession pour la guérison qui attirent 600 à 800 personnes selon les lieux.
Cette note d’information a été rédigée « suite à quelques demandes d’évêques ayant reçu des propositions de retraites, ou ayant été destinataires de signalements portant sur des prières de guérison pratiquées par le père James Manjackal ».
Plusieurs pratiques du prêtre indien sont contraires à l’enseignement de l’Église : célébration de messes « pour la guérison de l’arbre généalogique ». Selon le père Manjackal :
« L’Esprit Saint m’a fait voir qu’un trentain de messes pour les ancêtres recouvre 30 personnes sur quatre générations, c’est la messe pour l’arbre généalogique qui libère toutes ces âmes qui prieront ensuite pour la famille vivante. Le trentain grégorien est célébré pour une personne uniquement ».
Un usage que la Commission doctrinale de la CEF avait condamné en 2007 dans une Note doctrinale :
« Que les âmes des défunts encore au purgatoire puissent nuire de façon actuelle et décisive à la santé spirituelle de leurs descendants, et qu’en délivrant les uns, on puisse actuellement guérir les autres, voilà qui apparaîtrait comme une vérité nouvelle dans l’Église catholique et sans appui dans la Tradition : on ne saurait donc ni la reconnaître ni la mettre en pratique. »
Le père Manjackal estime aussi possible de baptiser des personnes après leur mort :
« Peut-être ceci vient-il de l’ignorance de la parole de Dieu selon laquelle le baptême est nécessaire au salut. Le texte de saint Paul dans I Corinthiens 15,29 témoigne clairement que le baptême au nom des morts était pratique courante de l’Église des commencements. (…) C’est très puéril de dire que nous, catholiques, ne devrions pas le faire parce que les Mormons le font ! ».
Selon la CEF, enfin, « au cours des sessions de guérison dispensées en présentiel ou sur Internet, aucune mise en garde n’est faite quant à la nécessité pour les personnes malades de bien poursuivre leurs traitements médicaux en cours. »