Plutôt que de perdre leur temps en luttant contre un rite multiséculaire, nos évêques feraient bien de prévenir la jeunesse des dangers des pratiques ésotériques. « Laissez une paroisse vingt ans sans prêtre : on y adorera les bêtes. » disait le saint curé d’Ars. C’est ce qui se passe aussi avec les sacramentaux. Avant, on bénissait les maisons, maintenant certains propriétaires s’attaquent aux énergies invisibles qu’elle renferme. Selon le Financial Times, le marché mondial de la « guérison du corps, de l’esprit et de l’énergie » était estimé par Grand View Research à 78,5 milliards de dollars en 2023, avec une projection de croissance annuelle de 26 % jusqu’en 2030. La directrice artistique du maquillage Guerlain et fondatrice de sa marque Violette_FR a ainsi fait appel à une « nettoyeuse d’énergie » pour sa ferme abandonnée du XIXᵉ siècle dans le Connecticut : « Pendant de nombreuses années, personne n’y avait vécu ; l’énergie à l’intérieur semblait triste et lourde. »
Parmi ceux placés aux premières loges pour vérifier cette tendance : les agents immobiliers. Harry Gladwin, responsable de la branche Cotswolds de The Buying Solution, déclare au FT :
« Le nettoyage de maison s’est répandu lors des dernières années. C’était quelque chose de discret, que l’on évoquait à voix basse, voire pas du tout – mais, maintenant c’est un secret de polichinelle. »
Ces rituels sont particulièrement prisés des trentenaires ou quadras qui achètent de vieilles maisons.
Parmi les autres pratiques de nettoyage énergétique en vogue, on citera également le « sage smudging » (fumigation à la sauge). Cette technique ancestrale, qui consiste à brûler des bâtons de sauge pour purifier l’espace, est enracinée dans diverses cultures indigènes, des anciens Égyptiens aux Amérindiens.
« Les gens se sentent perdus, déconnectés et isolés – et cherchent des réponses. Nous nous tournons vers les pratiques qui nous relient à quelque chose de plus grand que nous-mêmes, et à nos ancêtres », explique la neuroscientifique et conférencière au MIT Sloan au FT.