C’est la théorie du Monde qui aurait recueilli quelques éléments du conclave :
[…] les choses ont été accélérées pour dépasser les divisions incarnées par Péter Erdö, Jean-Marc Aveline, Pietro Parolin et Robert Francis Prevost. Chacun de ces noms représentait la position de ceux qui voulaient, respectivement : désavouer les problèmes les plus manifestes du gouvernement de François ; reproduire son style ; apaiser les tensions qu’il a suscitées ; et lisser ses aspérités. Lors des votes, Péter Erdö aurait pu récupérer les voix de Pietro Parolin (mais pas l’inverse) ; Jean-Marc Aveline aurait pu récupérer celles de Robert Francis Prevost (mais pas l’inverse).
Selon des confidences émanant de témoins et de diplomates impossibles à vérifier pour l’heure, Pietro Parolin et Robert Francis Prevost auraient tous les deux obtenu un nombre élevé de voix le matin du 8 mai. Personne ne peut dire s’ils auraient atteint dans l’après-midi – l’un contre l’autre – le quorum. Les rumeurs (que certains démentent) parlent d’un Pietro Parolin très proche des 50 voix, et de Robert Francis Prevost proche des 40 : d’autres disent que les proportions sont inversées. Tous parlent de l’indication donnée par le pape François en faveur de l’Américain.
Quelle que soit la véracité de ces hypothèses, cela signifie que le conclave aurait été dans l’impasse ; et que la prolongation au 9 mai aurait obligé à repartir de zéro avec de nouveaux noms. Des noms qui n’auraient répondu ni aux souhaits de Jorge Mario Bergoglio, ni à ceux qui regardaient avec méfiance les autres candidats italiens, toujours aussi désorganisés.
Cela laisse penser que le cardinal qui a joué le rôle de médiateur entre Pietro Parolin et Robert Francis Prevost a obtenu de ce dernier le feu vert pour une opération décisive qui a permis le report des voix de Pietro Parolin sur Robert Francis Prevost, qui a rassemblé ceux qui le soutenaient par conviction, ceux qui l’avaient choisi par fidélité envers Jorge Mario Bergoglio et ceux qui votaient pour lui en attendant les prochains tours. C’est ainsi que Léon XIV obtint le quorum.
Pour Pietro Parolin, il ne s’agit donc pas d’une défaite, mais d’une victoire, celle de « faiseur de pape », capable d’apaiser les tensions. Il a choisi un préfet de la curie, mais extérieur aux rouages de la curie ; un évêque d’Amérique latine, mais né à Chicago ; un homme prudent, aimé de François et qui l’aimait en retour ; un canoniste pondéré sur le terrain moral, mais ouvert sur les questions de justice et de paix. Pour les opposants à Jorge Mario Bergoglio, c’est un pape qui acceptera sans faire de vagues le retour de symboles de peu d’importance. Pour les fidèles de François, un nom qui marque un pas de plus vers la fin des pontificats européens. […]