L’abbé Arnaud Evrat, FSSP et recteur de la Basilique Notre-Dame à Fribourg (Suisse), nous invite à mettre à profit évoque la temps du Carême pour redécouvrir la richesse de notre baptême et pratiquer une sincère pénitence dans le dernier éditorial du bulletin Introibo (n°197, Mars 2025), bulletin des communautés de fidèles attachés à la messe traditionnelle dans le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg dont la Fraternité Saint-Pierre a la charge.
Chers fidèles,
Avec le mercredi des cendres, nous entrons dans ce que les anciens appelaient la « sainte quarantaine », ces quarante jours du Carême qui nous préparent à la fête de Pâques. Dans l’antiquité chrétienne, ce temps particulier était marqué par deux pratiques religieuses bien distinctes et dont nous allons retrouver des vestiges dans la liturgie durant ces prochaines semaines.
D’une part c’était le temps de préparation des catéchumènes, c’est-à-dire des adultes qui allaient recevoir le sacrement du baptême dans la nuit de Pâques. Ce temps était pour eux un temps de formation doctrinale, un temps où l’Église leur enseignait les vérités fondamentales de la foi et où l’évêque, dans ses sermons notamment, leur exposait les principaux mystères chrétiens. Ce temps était également pour eux un temps de mise à l’épreuve : lors de « scrutins » fixés certains jours du Carême, ces catéchumènes devaient réciter le Credo, le Notre-Père ou répondre à des questions de catéchisme, pour prouver qu’ils étaient dignes de recevoir le baptême quelques jours après.
Mais d’autre part, ces quarante jours étaient également le temps où les pécheurs repentant se livraient à une pénitence publique. A une époque où la pénitence privée n’était pas encore en usage, le sacrement de pénitence ne pouvait être reçu qu’exceptionnellement et au terme d’une longue mise à l’épreuve de celui qui avait, par une faute grave, perdu la grâce de Dieu. Ce temps était pour eux un temps d’expiation, un temps où il leur fallait se livrer à des pratiques pénitentielles visibles de tous. Ainsi les cendres qui nous sont imposées le premier jour du Carême sont un vestige de l’une de ces pratiques, selon ce que le peuple hébreu pratiquait déjà dans l’Ancien Testament : se couvrir la tête de cendres et se revêtir d’un cilice, ce vêtement d’étoffe rude porté à même la peau par pénitence.
Alors pour nous qui avons sans doute été baptisés il y a bien des années, pour nous qui n’avons pas à pratiquer cette pénitence publique (tombée en désuétude) pour bénéficier de la miséricorde du Seigneur, en quoi va consister notre Carême ? Il est clair que nous y retrouverons ces deux aspects mais sous des modalités différentes.
Tout d’abord ces quarante jours du Carême seront pour nous l’occasion de redécouvrir la richesse de notre baptême, de re-parcourir ce chemin d’initiation aux mystères de la foi qui est celui des catéchumènes. Au fil des messes de ce temps liturgique, nous serons invités à redécouvrir tous les aspects du Salut opéré par la Passion du Christ et dont le baptême nous a comblé en abondance. Les textes des messes, propres pour chaque jour, nous feront ainsi re-parcourir tout l’Ancien Testament, éclairé à la lumière du Nouveau. Une richesse doctrinale et spirituelle qui nous permettra de puiser à nouveau à cette source baptismale.
Mais d’autre part ce Carême sera également pour nous un temps de pénitence. Quarante jours pendant lesquels nous allons essayer de nous éloigner du péché pour nous rapprocher de Dieu. Quarante jours pour réformer notre vie, lutter courageusement contre ces (petites) fautes que l’on ne voit plus vraiment, auxquelles on ne prête plus attention, ou contre ces plus grands péchés auxquels nous sommes malheureusement habitués et contre lesquels nous luttons sans réelle ardeur. Quarante jours de pénitence où nous pourrons poser des actes concrets de conversion : non pas comme les pénitents publics des premiers siècles en nous habillant d’un sac et en faisant grise mine, mais plutôt en posant des actes concrets, en priant davantage et mieux, en nous privant volontairement de certaines commodités, de nourriture, d’écrans, de réseaux sociaux, etc., en aidant notre prochain dans le besoin, en lui donnant de notre temps ou de nos ressources. Sans oublier que notre pénitence doit être vue par Dieu et non de tous.
Voici donc notre programme quadragésimal : redécouvrir la richesse de notre baptême et pratiquer une sincère pénitence. C’est la grâce que nous demandons à Dieu au commencement de ce Carême.
Abbé Arnaud Evrat, FSSP
Horaires et lieux de Messes traditionnelles dans le diocèse de Lausanne Genève et Fribourg