Conseils de l’abbé Sulmont ( + 2010) diffusés par La Porte Latine :
Le mot abbé a deux emplois très distincts : il désigne le supérieur d’une abbaye c’est alors un haut dignitaire qui peut avoir rang d’évêque, ou il désigne tout prêtre à qui l’on s’adresse sans que l’on sache (ou que l’on veuille) dire sa fonction.
Vous direz donc « Bonjour, M. l’abbé » à un vicaire, à un curé, voire à un archevêque, si ce dernier n’a pas plus d’insignes distinctifs qu’un simple prêtre (une petite croix, à son veston). L’appellation « Monsieur l’abbé » est donc passe-partout : elle peut s’employer sans erreur dans la plupart des cas.
Quand vous connaissez la fonction exercée par un prêtre, il est préférable de le désigner par un mot plus précis qui montre que vous êtes en rapport avec lui. Vous direz : Bonjour Monsieur le curé si le prêtre est chargé de paroisses.
Vous direz : Bonjour M. le doyen si vous savez que votre curé a autorité sur quelques-uns de ses confrères. Aujourd’hui les doyens sont remplacés par des prêtres, souvent plus jeunes que leurs confrères ; mais ne dites « comment vas-tu C.R.S. (Curé, Responsable de Secteur) ? » que si vous êtes très, très familier avec lui.
Au-dessus du doyen, il y a l’archiprêtre, le vicaire général (doublure de l’évêque) et puis l’évêque à qui l’on s’adresse en disant « Monseigneur ». Quelques initiés lui disent « Père », montrant par là qu’ils ne font pas partie du vulgumpecus c’est-à-dire du commun des fidèles.
L’expression « Père » était réservée il y a encore peu de temps aux aumôniers salués par leurs boy-scouts.
L’expression « mon père » distinguait les religieux (jésuites, dominicains, bénédictins…), et en outre n’importe quel prêtre entrevu à travers la grille du confessionnal. « Mon père, pardonnez-moi, parce que j’ai péché ».
[…]
Les fonctions sont diverses et changeantes : tel qui était curé peut se retrouver professeur ou bien directeur d’école, ou aumônier. Par contre, le sacerdoce reçu est l’œuvre de Dieu qui agit sans repentance. Les ordinations sont données par degrés : après les ordres mineurs (portier, lecteur, acolyte, exorciste) le séminariste reçoit le sous-diaconat, puis le diaconat et quelques mois après la prêtrise. L’épiscopat représente la plénitude du sacerdoce et il n’y a pas d’ordination nouvelle pour un pape.
Outre la hiérarchie de juridiction et la hiérarchie d’ordre, il y a, ou plutôt il y avait, une hiérarchie honorifique qui avait une résonance populaire : tout le monde savait reconnaître un chanoine. Quelques-uns savaient reconnaître un prélat non-évêque mais un peu violet comme lui, de bas en haut en passant par les chaussettes et les boutons jusqu’au liseré du col. […]