L’Université d’hiver de la Fraternité Saint-Pie X (FSSPX) qui s’est réunie du 21 au 23 février 2025 a été l’occasion de riches échanges sur certains aspects soulevés dans le parcours de cette fraternité sacerdotale (sacres épiscopaux , situation canonique, etc.). Il est vrai que la controverse a un aspect sensible, même si la levée des excommunications de 2009 a relégué la question du sacre sans mandat pontifical au second plan. Dans les faits, la FSSPX se trouve non seulement dans une situation de communion imparfaite avec Rome – en 2005, le cardinal Castrillon Hoyos avait souligné qu’« il manque une communion pleine et plus parfaite, une plus pleine communion » – mais elle dispose même d’un statut « par morceaux » qui lui permet notamment de marier ou de confesser en disposant de la part de Rome d’une juridiction légitime. La fraternité constitue même une instance de première instance pour juger les comportements de ses clercs, l’appel étant alors formé devant les instances romaines.
Plusieurs ateliers et conférences ont lieu dans le complexe scolaire de Montierchaume (Indre) du 21 au 23 février 2025. On pouvait y retrouver un public large de jeunes, mais pas seulement issus de familles « traditionnelles » ou des écoles de la fraternité, ce qui démontre aussi une capacité d’attraction de l’œuvre fondée par Mgr Lefebvre.
« le schisme se forme quand on ne le craint pas »,
Jacques-Régis du Cray a a traité du schisme. Cette question est complexe. Il a souligné les différents cas de figure depuis l’origine de l’Église. Il y eut d’abord ces ruptures ouvertement hérétiques, mais aussi ces scissions qui visent à dépouiller l’Église de son autorité – ou à l’affaiblir – au profit du pouvoir civil et, enfin, ces dissidences nées de comportements de catholiques qui n’avaient pas su terminer une crise à l’instar des anticoncordataires qui regrettaient la réintégration d’évêques constitutionnels et la relégation d’évêques fidèles pendant les persécutions révolutionnaires. La séparation de l’Église peut être un processus subtil. Citant le père Longueval, un jésuite qui avait publié un traité sur le schisme, il rappelle que « le schisme se forme quand on ne le craint pas ». Il a voulu démontrer en quoi l’action de Mgr Lefebvre se distinguait profondément de tous ces mouvements schismatiques.
Abbé Toulza: « la seule existence de sacres d’évêques sans juridiction ordinaire révèle le caractère de droit ecclésiastique du mandat pontifical »
L’abbé Philippe Toulza a notamment abordé la question du sacre sans mandat pontifical. Tous les évêques ne peuvent être ordonnés sans mandat pontifical. Mais l’abbé Toulza a aussi rappelé que l’on a sacré des prêtres sans juridiction que ce soit à titre honorifique, pour entretenir la mémoire d’un diocèse disparu ou pour administrer le sacrement de confirmation (les évêques auxiliaires). Il a souligné que la seule existence de sacres d’évêques sans juridiction ordinaire révèle le caractère de droit ecclésiastique du mandat pontifical. Le droit divin dit juste que seul le pape peut concéder une juridiction. La finalité de l’épiscopat est d’offrir et l’ordre et la confirmation. Le mandat apostolique n’est donc pas requis par le droit divin: il n’y a pas d’usurpation d un pouvoir divinement lié au pape
Il y a bien eu sacre sans mandat pontifical en 1988, contrairement à ce que l’on a dit. Mais il n’y a pas péché quand l’action est pas imputable : c’est le cas quand le délinquant a agi en état de nécessité. La nécessité excuse de la faute, de la peine et de l’excommunication. Il faut que la faute ne soit pas une infraction contre la loi divine. L’abbé Toulza a par ailleurs rappelé que la Fraternité se soumettait à certains actes de juridiction ordinaire comme les indulgences. Certaines dispositions du Code de droit canonique de 1983 sont acceptées. Et si ces dispositions sont acceptées par la fraternité, c’est bien parce qu’elle considère que François est le pape légitime.
Invitation à s’unir au pèlerinage jubilaire organisé par la FSSPX
Ces orthodoxes de rite latin ❤️
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