Sur le Messaggero du 10 janvier 2025, la journaliste Franca Giansoldati qui a écrit sur l’affaire Maciel (Le diable au Vatican, Albin Michel, 2015) et qui a récemment interrogé le cardinal Gerhard Müller (En toute bonne foi, Artège, 2023), analyse la démission forcée de Mgr Rey, vue d’Italie :
« Cette fois-ci, pas de scandales sexuels, pas de pédophilie et pas même l’ombre d’une corruption. Ce qui semble avoir déterminé l’éviction fracassante d’un évêque français, c’est seulement sa prédisposition flagrante à accueillir, sur le territoire de son diocèse de Fréjus-Toulon, trop de conservateurs et de prêtres amoureux de la messe en latin. Une tendance que le pape Bergoglio ne tolère plus, à l’instar de nombreux cardinaux de la curie qui se sont penchés sur ce dossier.
« La démission demandée et obtenue, il y a quelques jours, a soulevé une vague d’indignation chez de nombreux catholiques, et la nouvelle continue d’alimenter la controverse à distance, sur les médias sociaux. Le fait est que la guerre contre les traditionalistes (particulièrement dure en France) sous ce pontificat semble inévitable pour couper l’herbe sous le pied des éléments de résistance et d’opposition interne aux réformes et à la réalisation d’une Eglise moins rigide, plus ouverte et moderne. […]
« Le sentiment d’injustice dans cette affaire est paradoxal, car c’est précisément sous la houlette de ce prélat que ce diocèse s’est énormément enrichi de séminaristes et de fidèles, à un moment de l’histoire où les églises sont désertées et où les jeunes s’éloignent.
« De son côté, la Conférence des évêques de France a souhaité, dans un communiqué, “une belle et nouvelle étape pastorale au diocèse de Fréjus-Toulon et à ses fidèles”. Comme pour dire qu’une page se tourne. Le diocèse avait fait l’objet d’une récente visite du cardinal Jean-Marc Aveline de Marseille, cardinal de confiance du souverain pontife, qui avait analysé tous les secteurs diocésains, toute la documentation et les archives, recueillant des témoignages.
« Les conclusions qu’Aveline a remises au pape n’ont manifestement pas dû être très favorables à l’évêque, puisqu’il a été démis de ses fonctions peu de temps après. Le cas du diocèse de Toulon, depuis longtemps dans le collimateur de Rome en raison de sa forte concentration de conservateurs, n’est que le dernier acte d’une longue guerre souterraine visant à contrôler et à ôter toute responsabilité à la minorité favorable à la célébration de la messe en latin. »