Le quotidien officieux de la CEF, La Croix, a publié la tribune de Michel Leconte, historien, qui raconte que certains, au sein de l’Eglise, ont voulu, sans succès, débattre du droit à l’avortement, considérant qu’il serait possible d’être chrétien et pro-avortement, contredisant la tradition de l’Eglise, Vatican II compris, qui qualifie l’avortement de crime abominable. Cet historien oublie d’ailleurs d’en parler, préférant qualifier le pontificat de Jean-Paul II de “verrouillage doctrinal autoritaire”.
Parmi les acteurs “catholiques” d’un droit à l’avortement, l’historien cite la revue Esprit, mais aussi des membres du Planning familial qui créèrent l’Association pour l’étude de l’avortement (ANEA) dont deux de ses vice-présidents étaient chrétiens : le théologien et pasteur André Dumas et un religieux salésien, René Simon. Sur vingt personnes, cette association comporte sept personnalités chrétiennes : deux pasteurs dont André Dumas, un jésuite (Philippe Julien) et trois dominicains : Jacques Pohier, Bernard Quelquejeu et Albert Plé. Un numéro de la revue de théologie Lumière et Vie entièrement consacré à l’avortement paraît en octobre 1972 comportant, entre autres, un article de Bernard Quelquejeu (une réflexion philosophique sur la procréation) et un autre de Jacques Pohier intitulé « Réflexions théologiques sur la position de l’Église catholique ». Jacques Pohier écrit que s’il n’existe pas de critères biologiques suffisants à eux seuls pour décider que tout ovule fertilisé est déjà un être humain et si la foi n’a pas de compétence pour en fournir, alors il revient aux hommes d’en juger à partir de leur connaissance des facteurs indispensables pour que le fœtus puisse devenir un être humain. Sic. Pour qu’un embryon soit déclaré humain, il faut qu’il soit accepté et qu’on décide de l’introduire un jour dans la communauté humaine. Re-sic.
Jacques Pohier (photo), mort le 15 octobre 2007, fut dominicain jusqu’à sa sortie de l’ordre en 1989. Engagé pour le droit à l’euthanasie en France, il présida de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité de 1992 à 1995. Le 21 avril 1977, il avait été interdit d’enseigner, de prêcher et de célébrer la messe par la Congrégation pour la doctrine de la foi.
Le jésuite et psychanalyste Louis Beirnaert, membre de l’École freudienne de Paris, affirme :
« il semble qu’on ne puisse parler du fruit de la conception sans inclure la relation que soutiennent avec lui les hommes, et en premier lieu les parents (…). À aucun moment le fruit de la conception n’est une existence purement biologique (…) Il faut faire droit, dans une théorie cohérente, aux perspectives nouvelles ouvertes par la conscience que, dans certains cas précis, l’interruption de grossesse puisse ne plus être interdite. »
En janvier 1973, la revue Études publie un article de 28 pages de intitulé « Pour une réforme de la législation française relative à l’avortement ». L’analyse aboutit à la conclusion que « s’il y a impossibilité d’humaniser l’enfant à naître », la décision d’interrompre la grossesse appartient à la fois à la mère ou au couple et à la société. Le texte est signé par quatorze personnalités : trois théologiens (Bruno Ribes, Philippe Roqueplo et René Simon), le pasteur André Dumas, six scientifiques et quatre médecins.
Il serait utile que la revue Esprit, l’ordre dominicain, les jésuites, fassent amende honorable concernant les écarts de ces personnalités, qui ont induits en erreur de nombreux catholiques.