A quelques heures de la fin de l’année 2024, rendons grâce pour tout ce que nous avons reçu cette année !
Considérons, dans ce septième jour de l’Octave de Noël, le Sauveur qui nous est né, enveloppé des langes de l’enfance. Les langes sont la livrée de la faiblesse ; l’enfant qu’ils couvrent n’est pas encore un homme ; il n’a pas encore de vêtement à lui. Il attend qu’on le délie ; et ses mouvements ne deviennent libres que par le secours d’autrui. Ainsi a paru sur la terre, captif dans notre infirmité, celui qui donne la vie et le mouvement à toute créature.
Contemplons Marie, enveloppant avec un tendre respect les membres du Dieu son Fils dans ces langes, et adorant les abaissements qu’il est venu chercher en ce monde, pour sanctifier tous les âges de l’homme, sans oublier le plus faible et le plus dépendant. Telle était la plaie de notre orgueil, qu’il lui fallait un si extrême remède. Comment maintenant refuserions-nous d’être enfants, lorsque Celui qui vient nous en intimer le précepte, daigne joindre à sa parole un exemple si entraînant ? Nous vous adorons, ô Jésus ! dans les langes de la faiblesse, et nous aspirons à vous devenir semblables en tout.
« Ne vous scandalisez donc pas, mes Frères, dit le pieux Abbé Guerric, de cette livrée si humble : que l’œil de votre foi n’en soit pas troublé. De même que Marie enveloppe son Fils de cette vile couverture, ainsi la Grâce, votre mère, couvre d’ombres et de symboles la vérité et la secrète majesté de ce Verbe divin. Quand je vous annonce par mes paroles cette Vérité qui est le Christ, que fais-je autre chose qu’envelopper le Christ lui-même sous d’humbles langes ? Heureux cependant celui aux yeux duquel le Christ, sous ces haillons, ne semble pas vil ! Que votre piété contemple donc le Christ dans les langes dont sa Mère le couvre, afin de mériter de voir, dans l’éternelle félicité, la gloire et l’éclat dont le Père l’a revêtu comme son Fils unique. »
Célébrons encore la joyeuse Naissance, en empruntant à nos anciens Missels Romains-Français cette antique Prose, où respire la piété des siècles de foi.
En l’honneur de la Vierge-Mère, le pieux Abbé de Cluny, Pierre le Vénérable, nous fournira cette belle Prose, dans laquelle on retrouve toute la tendresse de son âme évangélique.
L’année civile achève aujourd’hui son cours. A minuit, une nouvelle année se lève sur ce monde ; celle qui l’a précédée disparaît sans retour dans l’abîme de l’éternité. Notre vie fait un pas, et la fin de toutes choses approche d’autant plus [3]. La Liturgie, qui commence l’année ecclésiastique au premier Dimanche de l’Avent, n’a point produit de prières spéciales dans l’Église Romaine, pour accompagner ce renouvellement de l’année, au premier Janvier ; mais son esprit qui répond à toutes les situations de l’homme et de la société, nous avertit de ne pas laisser passer ce moment solennel sans offrir à Dieu le tribut de nos actions de grâces, pour les bienfaits qu’il a répandus sur nous dans le cours de l’année qui vient de finir.
Dom Prosper Guéranger
Extrait de l’Année Liturgique (Introibo.fr)