Mgr Vesco, Archevêque d’Alger, récemment créé cardinal, est interrogé dans La Croix du 5 décembre. Il a acquis la nationalité algérienne il y a deux ans et est en Algérie depuis vingt ans. Extrait de l’entretien :
Les relations entre la France et l’Algérie sont notoirement mauvaises. L’Église d’Algérie a-t-elle un rôle à jouer ?
Non, car l’Église n’a pas de lien institutionnel avec la France. Longtemps assimilés à la France par les autorités algériennes, nous avons lutté contre cette perception. Aujourd’hui, c’est une évidence : l’Église en Algérie n’est pas française, 99 % de ses membres ne le sont pas. Elle relève du Saint-Siège, pas de la France. En revanche, à titre personnel, comme Franco-Algérien, je souffre de cette animosité entre les deux pays, tout en voyant un immense potentiel de fraternité. Chrétien dans un monde musulman, je suis naturellement en dialogue avec l’islam. J’agis personnellement pour le rapprochement des deux pays. Mais ce combat est le mien, pas celui de l’Église. Mon sentiment est que la France n’a pas encore pris la mesure des séquelles coloniales. Nous devons, comme Français, reconnaître humblement une responsabilité historique et collective, qui n’a rien à voir avec nos responsabilités personnelles d’aujourd’hui.