Le rapport sur les abus passés au sein de la congrégation du Grand-Saint-Bernard en Suisse est paru. Il a le mérite d’être exhaustif, et édifiant.
“Suite à la dénonciation du cas d’abus du collège de Champittet, le chanoine Jean-Michel Girard avait confié à l’avocat Bernard de Chedid, le 9 décembre 2022, un travail d’enquête extérieure sur d’éventuels abus sexuels commis au Collège Champittet par des chanoines du Grand-Saint-Bernard entre 1951 et 1998. Période durant lesquelles les chanoines étaient responsables de l’établissement.
Les conclusions de cette enquête ont été remises fin mars 2024 au prévôt de la Congrégation, le chanoine Jean-Pierre Voutaz, et n’ont pas révélé d’autres cas d’abus concernant le collège vaudois.
Le rapport remis à Jean-Pierre Voutaz signalait des cas qualifiés de «périphériques», c’est-à-dire commis en dehors du collège par des chanoines qui n’étaient plus à Champittet. Au sujet de ces cas, la Congrégation du Grand-Saint-Bernard avait assuré continuer son propre travail d’enquête «pour faire la lumière sur son passé». Ce sont les conclusions de ce travail que livre la congrégation:
–Abus annoncé en 2021, commis au début des années 1980 par un chanoine sur un élève, au Collège Champittet (Lausanne). Le Ministère public de canton de Vaud a classé le dossier pour prescription. Le jugement ecclésiastique du chanoine a été rendu le 16 décembre 2022, lui interdisant de célébrer les sacrements en public pendant 10 ans.
–Abus annoncé en 2022, commis vers 1976 -1977 par un chanoine, sur une jeune fille, en Valais. Le Ministère public du canton du Valais a classé l’affaire pour prescription. Des mesures canoniques ont été prises dès 2022 par la congrégation à l’égard du chanoine, lui interdisant d’exercer son ministère.
–Abus annoncé en 2023, ayant eu lieu en 1955 – 1956 commis en Valais par un religieux qui n’a pas pu être identifié, sur un enfant de dix ans. Entendue par l’actuel prévôt, la victime a témoigné que «ces entretiens lui ont permis de retrouver une certaine paix». Un candidat chanoine ayant été renvoyé en 1956, il pourrait s’agir de l’agresseur de cet enfant, mais les documents sont trop lacunaires pour en avoir la certitude.
–Abus commis sur un jeune homme en 1983 en Valais. Le chanoine coupable s’est annoncé lui-même à la police cantonale la même année. Les archives montrent que cette affaire a bénéficié d’un classement à la demande des parents de la victime. Ce chanoine est décédé accidentellement, toujours la même année.
–En 1971, un chanoine, curé d’une paroisse du Valais central, est reconnu coupable par la justice pénale valaisanne d’attentats à la pudeur sur au moins dix enfants. Il a été condamné à six mois d’emprisonnement avec sursis. Le chanoine est décédé en 1996. En 2024, l’une des victimes s’est manifestée; la congrégation a immédiatement constitué une commission d’écoute“.