La Curie générale de la Compagnie de Jésus organise une réunion sur le thème des LGBT à l’intention des pères synodaux. Pendant ce temps, la religieuse activiste Sister Gramick va plaider la cause directement auprès du Pape. L’accueil n’est qu’un prétexte pour faire passer l’idéologie.
L’aile la plus progressiste des jésuites américains se distingue par son combat en faveur d’une Église plus accueillante pour les catholiques homosexuels et ceux qui s’identifient à la communauté et à la culture LGBT. C’est ainsi qu’est né Outreach, un réseau pour les catholiques LGBT dirigé par le journaliste et leader LGBT Michael J. O’Loughlin, sous la direction du prêtre jésuite plus connu James Martin, théologien et écrivain proche de François (qui l’a voulu au Vatican comme consultant auprès du Dicastère pour la communication).
À l’occasion du Synode sur la synodalité, America and Outreach a organisé à Rome une réunion consacrée à la pastorale LGBT, afin de sensibiliser les pères synodaux et le public à ce sujet. L’événement – qui s’ajoute aux nombreuses réunions qui se multiplient ces jours-ci à Rome et au Vatican pour accompagner les réunions officielles du Synode – a été accueilli par la Curie générale des Jésuites, située à quelques pas de la place Saint-Pierre. Avant le début des discussions, le cardinal jésuite Stephen Chow Sau-yan, évêque de Hong Kong, a ouvert la conférence par une prière demandant à l’Esprit Saint de « dissiper notre ignorance et nos préjugés ». Le Père Antoine Kerhuel, S.J., secrétaire de la Compagnie de Jésus, a rendu les honneurs.
Parmi les orateurs (selon Outreach) figuraient Christopher Vella, « président du groupe catholique LGBTQ Drachma basé à Malte, catholique bisexuel marié à un autre homme », Joanita Warry Ssenfuka, « lesbienne catholique d’Ouganda », Obeney-Williams, « lesbienne mariée de Londres » et Juan Carlos Cruz, « homosexuel catholique, (…) et confident du pape François ». Tous ont appelé à un changement de perspective qui permettrait à l’Église de devenir un lieu plus accueillant pour les catholiques LGBTQ et de reconnaître leur contribution au sein de la communauté ecclésiale.
Le fait que l’événement ait eu lieu à Rome, pendant les travaux du Synode, est très significatif pour les organisateurs qui montrent ainsi leur intention de ne pas cesser d’influencer les travaux synodaux malgré le fait que la question ne soit pas à l’ordre du jour (elle a été discutée lors de la première session en 2023 mais le sujet a été exclu de la deuxième session). Et comme preuve de la façon dont le puissant lobby – actif au sein de l’Église catholique et soutenu par l’aile extrémiste des Jésuites américains (et maintenant aussi par la Curie générale elle-même) – agit pour faire pression sur les travaux du synode, il y a une réunion singulière qui s’est tenue au Vatican le 12 octobre.
Voici comment le site New Ways Ministry, une organisation catholique fondée aux États-Unis pour promouvoir l’inclusion des personnes LGBT et de l’idéologie dans l’Église, rapporte la nouvelle :
« Le pape François a rencontré aujourd’hui un groupe diversifié de transgenres, d’intersexués et de collègues catholiques, y compris un médecin qui fournit une aide à la transition de genre. Le groupe a exhorté le pape François à surmonter l’approche négative de l’Église à l’égard des personnes ayant une diversité de genre et à encourager les dirigeants de l’Église à écouter plus attentivement la vie et la foi des personnes LGBTQ+. »
Une femme intersexuée et un garçon transgenre ont fait part au pape de leur expérience. La rencontre a duré environ 90 minutes (trois fois plus que les 30 minutes consacrées par François au président ukrainien Zelensky) et était organisée par Sœur Jeannine Gramick, cofondatrice de New Ways Ministry. Ecrivaine et conférencière, dédiée depuis des années à la pastorale LGBT, Sœur Gramick est co-auteur du livre Anime gay qui a valu à ses auteurs plusieurs rappels, d’abord de l’archevêque de Washington, puis de la Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée et enfin de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi – alors dirigée par le Cardinal Joseph Ratzinger. L’avertissement était dû à des problèmes doctrinaux, pour avoir « remis en cause à plusieurs reprises des éléments centraux » de l’enseignement de l’Église sur l’homosexualité avec des déclarations « clairement incompatibles » avec le Magistère et avec « la plénitude de la morale chrétienne ». En 1999, après plusieurs tentatives de conciliation et la persistance d’ambiguïtés et d’erreurs, la Congrégation a décidé que les déclarations de la religieuse et du co-auteur, le père Robert Nugent, étaient « erronées et dangereuses ». Il leur est donc « interdit toute activité pastorale en faveur des personnes homosexuelles ».
Avec le temps et la relève de la garde au Vatican, Sœur Gramick est désormais chez elle à Rome, et en particulier à la Casa Santa Marta où elle a déjà été accueillie par François à l’occasion de la première session du Synode en octobre 2023. En 2022, à l’occasion du 50ème anniversaire de son travail pastoral pour les homosexuels, le Pontife lui a envoyé une lettre pour la remercier et louer son travail pastoral « à la manière de Dieu ».
Ainsi se renforce de plusieurs côtés une « résistance » qui promet la bataille, qui assiège désormais l’assemblée synodale et compte plusieurs soutiens au sein du Collège des cardinaux (dont le prochain cardinal Timothy Radcliffe). A cela s’ajoute une attitude ambiguë de la part du Pontife et du Vatican qui, ces dernières années (entre interviews de haut vol, déclarations spontanées, plaisanteries, nominations et même documents) ont fait naître d’énormes espoirs quant à une réécriture (revue et corrigée) du Catéchisme et à une évaluation morale différente de l’homosexualité de la part de l’Eglise.
Il semble que peu à peu la résistance sera celle de ceux qui, tout en restant fidèles à l’enseignement de l’Église, s’opposeront au bouleversement complet de la morale sexuelle et à la subversion du Magistère. Il faudra cependant voir si cela ne vaudra pas l’accusation de péché de « doctrine jetée comme une pierre » par le Dicastère pour la Doctrine de la Foi.
Plutôt que des batailles idéologiques et du sentimentalisme, il serait urgent de remettre au centre le bien de la personne et le salut de l’âme. Il manque une parole forte et claire – certes inconfortable et à contre-courant – qui encourage et aide à réaliser le projet de Dieu. En d’autres termes, revenir au thème du péché et de la grâce. Non pas pour exclure mais, au contraire, comme un acte de charité chrétienne. Comme l’affirme la Note signée par Ratzinger en 1999,
« les personnes qui luttent contre l’homosexualité ont, pas moins que les autres, le droit de recevoir un enseignement authentique de l’Eglise de la part de ceux qui les suivent pastoralement ».
L’organisation suisse « Alliance pour l’égalité catholique » a publié une liste de paroisses prêtes à « bénir » des couples irréguliers et homosexuels. Peu de prêtres figurent sur cette liste, mais la dérive de Fiducia se poursuit. Un livre explique comment la déclaration controversée du Vatican sur la bénédiction des couples homosexuels est le point de rupture après des décennies d’infiltration homosexuelle visant à modifier la pratique et la doctrine de l’Église.