Disons le chapelet en commun, en famille. Le pape Pie XII a de très belles considérations sur le sujet. Il disait à des prédicateurs de carême, en 1943 : « Réveillez dans l’âme des fidèles le sentiment de l’ancienne et pieuse coutume de la prière commune en famille. (…) Et comme la vie publique, pleine de distractions et d’embûches, trop souvent au lieu de promouvoir les biens les plus précieux de la famille – la fidélité conjugale, la foi, la vertu et l’innocence des enfants – les met en danger, la prière au foyer domestique est aujourd’hui presque plus nécessaire qu’aux temps passés. » Saint Pie X écrivit pour sa part dans son testament : « Si vous voulez que la paix règne dans vos familles et dans votre patrie, récitez tous les jours le chapelet avec les vôtres. »
Suggérons un conseil : il faut tenir compte, pour la prière en famille, de la capacité des enfants. Le pape Pie XII, toujours dans le même discours de 1943, disait : « Que la prière soit accomplie de façon à ce que les enfants n’en éprouvent pas de fatigue ou de dégoût, mais se sentent plutôt entraînés à l’augmenter. » On peut ainsi, avec de jeunes enfants, commencer par dire en commun une ou deux dizaines, puis augmenter avec le temps.
Il faut dire un mot, pour finir, des distractions qui peuvent nous envahir pendant le chapelet. Le père de Montfort distingue les distractions volontaires de celles qui sont involontaires. Les premières constituent une grande irrévérence, « qui rendrait nos rosaires infructueux et nous remplirait de péchés. Comment ose-t-on demander à Dieu qu’il nous écoute, si nous ne nous écoutons pas nous- mêmes ? » Les distractions involontaires sont quant à elles presque inévitables, dit le saint. Mais on doit prendre toutes sortes de moyens pour les diminuer et fixer notre imagination. Il faut bien penser à se mettre en la présence de Dieu, croire que Dieu et sa sainte Mère nous regardent. On peut se représenter, dans l’imagination, Notre-Seigneur et sa très sainte Mère dans le mystère que nous honorons. Le saint conseille encore d’avoir des intentions de prière, et pourquoi pas à chaque dizaine. Et il dit bien que si nous avons beaucoup de distractions, mais que nous avons lutté, notre rosaire est encore plus fructueux. « Votre rosaire est d’autant meilleur qu’il est plus méritoire ; il est d’autant plus méritoire qu’il est plus difficile. »
Ce qui achèvera de nous convaincre de dire notre chapelet, seul ou en famille, ce sont deux phrases de la très sainte Vierge. À Fatima, elle disait, le 13 octobre 1917 : « Je suis Notre Dame du Rosaire. Que l’on continue à réciter le chapelet tous les jours. » Cinq siècles auparavant, elle avait dit au bienheureux Alain de La Roche : « Celui qui persévérera dans la récitation de mon rosaire, recevra toutes les grâces qu’il demandera. »
Abbé Vincent Grave, FSSPX
Article très intéressant et qui renvoie aux très beaux sermons de l’abbé Grave.