En cette rentrée, dans la dernière lettre aux Amis et Bienfaiteurs de la Fraternité Saint-Pierre (n°120, Septembre 2024), l’abbé Jean-Antoine Kegelin évoque la question importante du catéchisme :
La foi reçue au baptême est une vertu. Tel le grain de sénevé, elle est appelée à pousser plus profondément ses racines dans mon âme, spécialement dans l’intelligence et la volonté, de manière à influencer de plus en plus ma vie concrète : ma manière de penser, ma manière d’agir. Un progrès est aussi souhaitable du côté de ce qui est cru, dans le sens d’une explicitation toujours plus grande de « l’insondable richesse du Christ » (Ep 3, 8). C’est en ce sens que saint Paul se propose de « compléter ce qui manque encore à la foi » des Thessaloniciens (1 Th 3, 10).
C’est aux évêques et aux prêtres que cette mission d’enseigner la foi est confiée au premier chef. Mais aux parents revient le privilège de poser les premiers fondements de la vie chrétienne dans la petite enfance. Plus tard, au collège, ils auront à cœur de collaborer activement à l’œuvre catéchétique. Comment s’y prendre ? Trois grands principes.
Disons tout de suite que l’essentiel n’est pas d’apprendre à l’enfant des pratiques ou de lui procurer des émotions pieuses de toutes sortes ; l’essentiel est de lui apprendre qui il est, qui est Dieu et comment Dieu a voulu mêler sa vie à la sienne en venant habiter en lui, faisant de lui un tabernacle vivant. C’est l’aboutissement d’une merveilleuse histoire qu’il convient de lui raconter par son commencement : la Genèse. On doit enseigner la religion d’abord comme une histoire, parce que l’enfant aime passionnément les histoires, et parce que le christianisme est une longue et émouvante Histoire. De ces lectures commentées de la Bible, la comtesse de Ségur nous a laissé de délicieux modèles[1]. Ces récits, racontés sur des tons vifs et familiers, poseront dans leur esprit les fondements de la religion : une idée de la Paternité de Dieu, de son omniscience, de sa justice, de la perpétuité de la religion (Dieu n’abandonne jamais son peuple) etc.
Dans cette longue Histoire, il faut faire ressortir une personne vivante, Jésus-Christ. Le faire aimer par-dessus toutes choses et faire comprendre le sens de sa vie. Accoutumons les enfants à regarder la vie de Jésus-Christ comme notre exemple et sa parole comme notre loi. Et puis ne séparerons pas Jésus de sa Mère. Chacun sait qu’inspirer à un enfant une grande fidélité à prier la sainte Vierge, c’est garantir autant que possible son salut éternel.
Enfin, un troisième principe : enseigner la religion, c’est enseigner la vie intérieure, dont le fondement est la grâce sanctifiante. Chose difficile au début : l’enfant est léger, superficiel. Le monde invisible lui apparaît comme irréel. Il ne pense pas, ou très peu, à son âme. Pourtant, la grâce est une réalité infiniment précieuse, dont il faut parler aux enfants à propos de tout, comme de la chose la plus importante et la plus consolante qui soit ici- bas.
Cette éducation à l’intériorité doit s’accentuer à l’adolescence. A une mère de famille, Fénelon adressait ces conseils : « Tâchez, lui écrit-il, de faire goûter Dieu à votre enfant. Faites-lui entendre qu’il s’agit de rentrer souvent au-dedans de soi, pour y trouver Dieu, parce que son règne est au-dedans de nous. Il s’agit de parler simplement à Dieu à toute heure, pour lui avouer nos fautes, pour lui représenter nos besoins, et pour prendre avec lui les mesures nécessaires, par rapport à la correction de nos défauts. Il s’agit d’écouter Dieu dans le silence intérieur. Il s’agit de prendre l’heureuse habitude d’agir en sa présence, et de faire gaiement toutes choses, grandes ou petites, pour son amour. Il s’agit de renouveler cette présence toutes les fois qu’on s’aperçoit de l’avoir perdue. »
Parfois, l’enseignement religieux n’est pas assez centré sur ce mystère principal du catholicisme, et les catéchismes eux-mêmes, avec leur division en Dogme, Morale, Sacrements risquent de nous faire oublier la synthèse chrétienne : Il m’a aimé et s’est livré pour moi. Et moi, que ferai-je ? De ma vie une conversation avec Dieu !
Le rôle des parents
À l’âge du collège, les parents veilleront à collaborer activement avec les maîtres sur ce point de l’instruction religieuse plus que sur les autres. Que peuvent-ils faire en pratique ? Manifester clairement l’importance qu’ils attachent au cours d’instruction religieuse par l’assiduité de leur enfant aux séances, l’attention qu’ils prêtent aux notes, à l’apprentissage des leçons, aux sanctions. On se console des mauvaises notes de catéchisme ; mais on se désole d’un échec en mathématiques ! Surtout, l’exemple d’une piété vraie !
Abbé Jean-Antoine Kegelin, FSSP
[1] La Bible d’une grand-mère; Évangile d’une grand-mère; Les Actes des Apôtres.