L’abbé de Jorna en fait l’annonce dans la dernière Lettre à nos frères prêtres :
Après six années à la tête du District de France de la Fraternité Saint-Pie X, je vais retrouver un ministère pastoral plus classique, tel que la plupart d’entre vous le connaissent. J’ai été très heureux de pouvoir, du fait de cette responsabilité, rencontrer un certain nombre d’entre vous, et d’avoir pu, à vingt-quatre reprises, converser avec vous tous au fil de cette Lettre à nos Frères prêtres. Je laisse ma place à mon successeur, l’abbé Gonzague Peignot, et c’est un passage de génération : né, en effet, en 1986, il a donc l’âge des prêtres qui commencent à prendre de plus en plus de responsabilités dans le clergé français, et parmi lesquels seront choisis les évêques de demain. Pour l’abbé Peignot, comme pour ces prêtres du clergé de France dont je viens de parler, des événements (qui ont marqué ma propre existence) sont désormais de simples événements historiques. Aucun de ceux-là n’était né lors du concile Vatican II, entre 1962 et 1965, ni au moment de la promulgation de la nouvelle messe de Paul VI en 1969, ni lors de la fondation de la Fraternité Saint-Pie X. Autant dire que ce clergé n’est aucunement comptable de ce qui a pu se faire, se refaire ou se défaire, disons entre l’élection du Pape Jean XXIII et celle du Pape François.
Et cela ouvre une perspective tout à fait intéressante pour l’avenir de l’Église. N’ayant à revendiquer personnellement aucun de ces événements, ce « nouveau clergé », si l’on peut l’appeler ainsi, peut entreprendre en toute liberté d’esprit le réexamen de tout ce qui s’est fait durant les derniers soixante ans, pour le confronter aux acquis certains de la Tradition de l’Église. D’autant que les fruits sont là, qui doivent permettre de juger avec pertinence, selon l’affirmation même de Notre Seigneur Jésus-Christ : « Vous les reconnaîtrez à leurs fruits ». Quand un prêtre que je connais, dans les âges dont nous parlons, est passé en vingt ans d’une charge de vicaire avec un seul clocher à desservir, à une charge de curé avec soixante-quinze clochers sous sa responsabilité, cela dit quelque chose de l’état de l’Église en France (mais, en bien des lieux à travers le monde, les situations sont les mêmes). Et cela autorise à s’interroger sur ce qui fut présenté dans les années 60, peut-être d’ailleurs avec bonne foi chez certains, comme une « nouvelle Pentecôte » et un « printemps de l’Église ».
Sous la direction de l’abbé Gonzague Peignot, à partir du 15 août prochain, la Lettre à nos Frères prêtres continuera donc sa mission de vous proposer des documents touchant la vie de l’Église, ainsi que des réflexions théologiques, liturgiques, canoniques et pastorales, et à dialoguer avec vous, pour contribuer à sa place au renouveau tant espéré de la sainte Église catholique, sur le fondement inébranlable et nécessaire de sa Tradition.