Samedi matin, Mgr Brouwet a célébré une messe de réparation suite au blasphème commis lors de la cérémonie d’ouverture des JO. Fidèle à son habitude de prendre de la hauteur face à l’actualité, il a déclaré en introduction :
Frères et Sœurs, j’ai voulu célébrer cette messe, qui est la messe habituelle de la cathédrale, toujours suivie de l’adoration du Saint Sacrement, après la forte émotion suscitée par la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques vendredi dernier, et dans laquelle, à tort ou à raison, on a vu une représentation de la Sainte Cène dans ce qui a été présenté plus tard comme un banquet païen des dieux de l’olympe.
1. J’ai proposé assez vite qu’une messe soit célébrée et qu’un temps d’adoration soit organisé dans les communautés, comme nous le faisons ici, parce que la question est de savoir comment nous réagissons face à ce que nous avons compris comme une parodie de l’Evangile et un manque de respect pour la foi chrétienne.
Cela nous interroge sur nos réponses d’aujourd’hui et sur celles de demain, parce que ce n’est ni la première ni la dernière fois que nous nous sentirons pris à parti ou mis à l’écart.
Il y a 4 tentations :
➢ La première est l’invective. Elle a l’apparence d’un dialogue mais c’est un dialogue de sourds. Elle est une impasse parce qu’elle ne produit aucun fruit sauf de la colère.
➢ La deuxième est le découragement. On baisse les bras dans la tristesse, le dégoût la déception. C’est aussi une impasse parce que rien ne sort de bon de cette tristesse.
➢ La troisième tentation est l’enfermement dans un cercle de personnes qui partagent exactement les mêmes idées. C’est rassurant mais étouffant à terme parce qu’il n’y a plus de place pour un autre regard et pour la liberté de l’esprit.
➢ La quatrième tentation est la polarisation sur le respect de ses droits. C’est très actuel. Il n’est ni interdit ni superflu de faire valoir ses droits – en particulier le droit au respect de ses opinions religieuses – mais ce juridisme nous épuise et ne va pas au fond des choses.
2. Une autre forme de réponse nous est donnée dans la célébration de la messe. Parce que là, face à ce que nous pensons comprendre, ressentir, comme de l’offense ou du mépris, nous nous tenons devant le Seigneur, en lui confessant, en toute simplicité et humilité, qu’il a un peuple qui lui appartient, qui l’adore, qui le loue, qui chante sa louange, en réponse au don qu’il fait de lui-même et de sa Parole vivante. C’est cela qui donne du sens et de la joie à toute notre existence, même traversée par les épreuves et les remises en cause.
Au fond nous avons déjà été sauvés. Toute offense faite à Dieu a déjà été portée par le Christ dans son offrande à la croix ; c’est devant lui que nous les confessons. Et toutes nos inquiétudes et nos doutes trouvent une réponse ultime dans cette foi en Jésus Sauveur.
De ce point de vue, la méditation du livre de l’Apocalypse peut nous être d’une grande aide.
La liturgie céleste qui y est décrite est une liturgie de louange à l’Agneau immolé et au Roi des rois et Seigneur des seigneurs.
Elle est célébrée par ceux qui se tiennent autour de lui les palmes à la main parce qu’ils ont traversé la grande épreuve, celle d’une vie terrestre faite de fidélité et de péchés, de victoires et d’échecs, de doutes et de confession de foi, parfois jusqu’au martyre.
Nous vivons déjà dans la foi sur cette terre la liturgie que nous célébrerons au ciel : celle de la louange et de l’adoration rendue à Dieu qui veut attirer à lui toute l’humanité.
La messe et l’adoration nous remettent devant notre vocation profonde. Elles donnent sens, encouragent, elles consolent et réparent en profondeur ce qui a été blessé, offensé, brisé.
Et c’est quand on s’est remis dans cette attitude confessante que l’on est prêt pour aller plus loin : le dialogue, car il est toujours fécond quand il est entamé dans la paix de l’Esprit, la recherche de la justice et le faire- valoir de ses droits. Mais toujours de façon évangélique : dans la charité, la vérité, l’humilité.
Voilà la réponse chrétienne, il me semble. Elle n’est pas d’abord militante, elle est confessante. C’est en disant au Seigneur notre joie d’être ses disciples et la grande espérance qui nous habite par sa mort et sa Résurrection que nous trouverons ensuite la juste attitude, la réponse appropriée à donner. Elle sera un témoignage de l’authenticité de notre foi.
3. Dimanche dernier, le Directeur artistique de la cérémonie d’ouverture des JO a affirmé publiquement qu’il n’avait pas voulu représenter la Dernière Cène, ni offenser les chrétiens. Il était important qu’il le dise. C’est pourquoi j’ai refait un message pour prendre acte de ces paroles apaisantes.
Nous confions maintenant au Seigneur, dans cette messe et cette adoration, nos vies, nos joies mais aussi nos épreuves de foi et toutes les émotions qui nous ont traversés cette semaine.
Nous rendons grâce aussi pour ces Jeux Olympiques qui sont une telle expérience de dépassement de soi et de fraternité, de connaissance de soi et d’humilité. C’est une véritable école de vie. Ces Jeux en sont la manifestation. Il ne faut pas l’oublier.
+ Mgr Nicolas Brouwet