Traduction d’un article du 16 juillet de l’évêque auxiliaire de Den Bosch (Pays-Bas), Mgr Rob Mutsaerts :
Alors qu’en Belgique, les évêques ont été condamnés par un tribunal civil à verser des dommages et intérêts à une femme qui n’avait pas été admise au programme de formation des diacres, – ignorant ainsi la séparation de l’Église et de l’État – soit dit en passant, les évêques en question sont favorables à l’ordination de femmes comme diacres – en Allemagne, le processus synodal se déroule avec des évêques qui plaident pour l’adaptation des positions de l’Église à la société séculière, et aux Pays-Bas, des pasteurs homosexuels plaident pour la reconnaissance de formes de cohabitation que la Bible et le magistère de l’Église qualifient explicitement de péché. Dans les pays susmentionnés, le nombre de radiations de l’Église ne cesse de croître.
En Amérique – comme en Europe occidentale – un processus de sécularisation est également en cours, alors qu’il n’y a pas de processus synodal en cours, mais un congrès eucharistique. C’est toute une différence. Comment cela se fait-il ? En Amérique, les gens travaillent réellement à la nouvelle évangélisation. De plus, l’épiscopat américain est composé d’hommes inspirés par le pape Jean-Paul II et le pape Benoît XVI, qui ne sont pas très enclins à réinventer la foi catholique en fonction de l’air du temps, invoquant le brumeux « esprit du Concile » sans jamais se référer à un document du Concile. En Allemagne et en Belgique en particulier, on ignore la Tradition fondée sur la Bible, alors qu’il faudrait que cette Tradition entre en dialogue avec l’air du temps, dans le but de développer la pensée – en accord avec la Tradition – et de la mettre au service de la nouvelle évangélisation. Rendre les vérités éternelles de la foi catholique compréhensibles avec des arguments et un langage que notre époque peut comprendre et ainsi amener les gens au Christ, en partant du principe que la Révélation divine est pour tous les temps. Lorsque cette dernière est mal comprise, les gens remplacent généralement les vérités révélées par des normes et des valeurs actuelles. C’est ce qui se passe en Belgique. Même la voie synodale allemande est une déconstruction de la Tradition plutôt qu’une continuation de celle-ci.
Pendant ce temps, en Amérique, le nombre de jeunes qui préfèrent célébrer la messe traditionnelle en latin le dimanche augmente. Cela n’a rien à voir avec un rejet de Vatican II, comme on le laisse parfois entendre. Ce n’est tout simplement pas une option pour eux. Ils ne sont pas nostalgiques, ils sont trop jeunes pour cela ; ils ne sont pas d’avant le Concile, mais d’après. Ils veulent être fidèles à l’Église et préfèrent la liturgie où le sacré est particulièrement exprimé. L’Église se caractérise par un pluralisme liturgique légitime, étant donné la variété des rites autorisés. Traditiones Custodes est inutilement sévère et sans cœur. Cette déclaration se moque du rite unique qui a guidé l’Église pendant 1 500 ans. Nous attendons que le prochain pontificat corrige cette erreur. Et je dis cela en tant qu’évêque Novus Ordo convaincu.
Il est toujours étrange que la Messe latine traditionnelle soit si impitoyablement combattue, alors que tous les autres rites sont laissés intacts et qu’aucune mesure n’est prise, même contre les pires abus du Novus Ordo. Tout cela alors que les paroisses du Novus Ordo se vident et ne sont plus fréquentées que par des retraités, et que les messes tridentines sont généralement bien fréquentées par les jeunes et les moins jeunes. Regardez le pèlerinage annuel de Paris à Chartres. Cette année, ils étaient plus de 20 000, dont 15 000 jeunes ! Pour Rome, c’est un problème. Ce serait plutôt un problème de luxe !
Pendant ce temps, il y a cet autre pèlerinage en plein essor, qui n’est apparu qu’en 2021. Là encore, ce sont principalement des jeunes qui se rendent au sanctuaire espagnol de Covadonga en traversant des zones difficiles. Cette année, ils étaient déjà plus de 2 000. L’évêque local (Oviedo) s’est réjoui des intentions de la messe pour le pape et l’Église. Mais Rome y a vu un problème et a interdit la célébration de la messe de clôture sous forme de TLM (comme c’est le cas depuis trois ans). Où en est le pape François avec son message vidéo publié au début de l’année, selon lequel « la multiplicité des charismes dans les diverses communautés chrétiennes est un don ». ? Il a ajouté : « La diversité des charismes dans l’Église ne doit pas nous effrayer ». Oh oui, la messe de clôture a été autorisée à être célébrée dans le camp de tentes selon l’ancien rite, d’après le rapport de Rome. Quelle mesquinerie ! Personnellement, je n’ai jamais célébré la messe traditionnelle. Je vois aussi les jeunes traditionnels célébrer tranquillement la nouvelle messe. Il n’y a pas de problème. Qu’en est-il du « Todos todos todos » ? Apparemment, tout le monde est le bienvenu, sauf les jeunes traditionnels. À ces derniers, on dit : « Partez loin loin loin loin de nous ». Pourquoi ?
Il y a une autre chose frappante. En 1972, Agatha Christie s’est adressée au pape Paul VI dans une lettre. Elle y plaide pour le maintien de l’ancienne messe à côté de la nouvelle. Cette lettre a été cosignée par des artistes et des écrivains catholiques et non catholiques de renom, dont Graham Greene et Yehudi Benjamin. Le résultat ne s’est pas fait attendre. Le pape a signé un indult selon lequel l’ancienne messe resterait autorisée en Angleterre et au Pays de Galles. L’histoire se répète aujourd’hui. Des artistes et des personnalités de renom plaident aujourd’hui pour la préservation de la liturgie traditionnelle. Là encore, les signataires sont des catholiques et des non-catholiques, des protestants et même des membres de communautés religieuses non confessionnelles, dont Andrew Lloyd Webber et Bianca Jagger. On ne sait pas si Mick partage son point de vue….